VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?
IL y a des gens bizarres dans les bars, la nuit…
Des hommes et des femmes accrochés à la rampe du comptoir pour « laisser souffler » leur destin.
Des hommes, des femmes qui se regardent, qui se sourient… se disent quelques mots, n'importe lesquels :
VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?
Et puis ils repartent dans la nuit, à la recherche d'un impossible bonheur, à la recherche d'eux-mêmes.
Ils s'en ont plus loin.
A San Pedro…
Ou ailleurs.
VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?
M. Blanc m'avait pourtant prévenu : « Quand on entre dans le grosso modo du Lion, rien ne va plus ! Une période de haute merde commence. »
Tout foire : les femmes les plus choucardes deviennent tartes comme un plat de furoncles et les mecs les plus virils se mettent à goder comme des cravates !
Voilà pourquoi, ayant à charge de protéger un couple de vieux kroums gâtochards, nous nous retrouvons, mes potes et moi, avec quatre cadavres sur les brandillons.
Moi, tu me connais ? Au début, je ne voulais pas y croire, cartésien comme il est, ton Sana.
Seulement, j'ai vite pigé ma douleur !
On vit une époque épique, je te jure !
Moi, vous me connaissez ?
Jouer les privés, ce n'est pas mon fort.
Même si le Vieux me flanque sa bénédiction…
Même si le client allonge douze briques sur la table de notre salle à manger…
En matière de police, comme en amour, je suis professionnel jusqu'au bout des extrémités.
On ne se refait pas.
Tout ça pour vous dire que ces douze millions d'A-F me laissent de glace, comme disent les Lapons.
Et pourtant, douze briques, hein…, ça mange pas de pain !
L'Inde mystérieuse, tu connais ?
Tiens : j't'en joue un air à la flûte baveuse !
Si le maharaja n'est pas content, dis-y qu'y s'fasse cuire du bouddha aux pommes !
Et des émeraudes pareilles, t'en as déjà vu, des émeraudes pareilles ?
Vise l'éléphant rose, comme il tend sa papatte à Béru…
Comment ça, lequel qu'a la plus belle trompe ? Qu'est-ce tu sous-entends ?
En tout cas, la princesse, elle, faut voir comme elle donne bien son mignon fouinozof à Sana !
Il est sympa, le fakir, hein ? Il a su rester vieux malgré son jeûne.
Ce qu'il maquille en palanquin, le Gros ? Ben, t'as qu'à lire, tu verras !
Béru ne bronche pas… Je lui file une bourrade et le Gros bascule contre la vitre. Alors,je sens une cohorte de fourmis envahir mon calbar et remonter le long de mon anatomie. J'actionne le plafonnier de la voiture et je vois une formidable flaque de sang sur la banquette. Le Gros a bloqué une praline dans la région du cou et il s'est à peu près vidé. Tel, il me paraît un peu mort. Toute l'affection que je lui porte me remonte à la gorge.
— « Béru ! je balbutie. Béru, vieux pote, joue pas au con… Tu m'entends, dis ? »
Dubois, lui, tout en gobant ses marennes, m'expliquait en détail la gastro-entérite de sa femme de ménage…
C'est vous dire si la plus totale harmonie régnait dans la salle à manger de ces bons amis !
Et soudain, au moment pile où la mère Dubois se la radinait, portant triomphalement une gigantesque marmite recelant le cassoulet : vlan ! ou plutôt « dring ! » le bignou s'est mis à carillonner…
Le mystère de l'assassinat de Kennedy ? Tiens, fume !
Accompagne-nous dans notre virée U.S. et tu verras ce qu'on en fait du mystère Kennedy, Béru, Mathias et moi.
Ah ! évidemment, ça ne s'est pas toujours bien passé, mais contrairement à ce qu'assurait le père Coubertin, l'essentiel, c'est pas de participer ; c'est de gagner.
Si tu veux mon avis, ce présent bouquin, dans cent ans on le fera lire encore dans les écoles.
« Al Capote » fait partie du patrimoine, désormais. D'autant qu'il est plein d'histoires de cul.
Je n'y peux rien si l'Histoire s'écrit avec du sang et des braquemards
Dans cet ouvrage, tu prendras connaissance de l'événement le plus important qui ce soit produit depuis que l'homme a marché sur la lune.
Un événement que l'on jugeait tellement impensable qu'on y pensait plus.
La nouvelle a créé un remue-ménage extrême dans le vie française. Au point que M. le président de la République a honoré ce livre d'une préface. Si mon éditeur a refusé de la publier, c'est parce qu'il était convaincu que, d'ici quelques années, San-Antonio sera bien plus connu que le président ; et qu'il sera donc anormal qu'un auteur célèbre fût cautionné par un président oublié.
Il n'en reste pas moins que c'était un très bel élan du cœur dont je remercie vivement le Pommier des Français.
Ce qui l'avait motivé ? Je vais te dire, prépare-toi au choc : Béru et Berthe viennent d'avoir un enfant. Un vrai, bien à eux, déjà gras et dégueulasse, car bon sang ne peut mentir.
C'est pas l'événement pur fruit, ça ?
Ouvre vite la fenêtre, je sens que tu vas t'évanouir.
Alors çui-là, mon pote, pour te le résumer !… J'ai demandé de l'aide, mais Montaigne lui- même n'a pu y arriver.
Attends, je vais tout de même essayer…
C'est l'histoire d'un trio de terroristes, planqués chez l'ancien colonel Casimir Lemercier, et qui braque un fusil à lunette d'un genre très spécial sur le restau où je suis en train de bouffer avec ma maman.
Et puis…
Non, je m'y prends mal.
C'est l'histoire d'une petite journaliste qui veut écrire plus haut que son joli cul et qui…
Ça ne va pas non plus !
Voilà, c'est comme ça : Condor-miro, un vieil Indien qui crèche au cœur de l'Amazonie, entend, par une belle nuit équatoriale…
Non, non ! Ça non plus, je le sens pas.
Quoi donc ?
Eh bien, achète ce book, tu verras illico !
On peut tout exiger d'un bœuf…
Sauf qu'il remplace un taureau.
Fût-ce au pied levé !
Par contre, on peut demander à un taureau de mon espèce de se comporter comme une vache !
A preuve…
Ah ! y a de quoi ruminer, je vous jure ! J'sais pas si vous avez envie, ou non, de lire ce livre.
Moi, à votre place, j'hésiterais pas.
P't'être parce que je sais ce qu'il y a dedans ?
En tout cas, si vous souhaitez voir un San-Antonio partir à la recherche du plus gros diamant du monde avec une canne blanche, ratez pas cette recase, mes fils !
Vous comprendrez alors pourquoi j'ai intitulé ce machin « Appelez-moi, chérie » !
Chérie, parfaitement, avec un « e » muet !
Heureusement que l'auteur, lui, ne l'est pas !
“ Gentil lecteur bien-aimé, en lisant ce puissant ouvrage de politique-fiction (ou de polique-affliction), n'oublie pas que si je puise certains de mes héros dans la vie courante, je les entraîne par contre dans des délirades qui n'appartiennent qu'à moi.
En somme, je les prends en charge et leur offre une croisière dans mon imaginaire.
Tous frais payés.
Ils en ont de la chance ! ”
San-Antonio
Il s'en passe de sévères à l'institut de thalassothérapie de Riquebon-sur-Mer. On est obligé de planquer les cadavres dans les tiroirs car les croque-morts arriveraient pas à tous les croquer ! Ça tombe à qui mieux mieux : les vieillards en premier, ce qui est justice, mais aussi les femmes, y compris les très jolies, ce qui est dégueulasse ! Dans ce très gros book, l'Antonio se surpasse, tu verras. Jamais il s'est montré si farfadingue ni si tringleur ! On lime à toutes les pages, à toute heure et en tous lieux !
Pour couronner le chef-d'œuvre, t'as droit au premier chapitre des mémoires du Gros, écrits de sa main et intitulés :
Bérurier. Son vit, son œuvre.
Pas triste ! J'aime autant te parler franchement : si tu rates ce livre, tu rates ta vie !
Comme j'ouvre la porte, je fais un bond en arrière qui m'envoie dinguer dans le porte-pébroques. Il y a trois messieurs sur le paillasson, qui s'apprêtaient à sonner.
Et ceux-là, pas d'erreur possible, ce sont des vrais de vrais. Ils ont des bouilles qui ne trompent pas. Ils seraient nègres ou nains que ça ne se verrait pas davantage.
Le gnard San-Antonio se demande à la brutale si, par hasard, ça ne serait pas le commencement de la fin.
Tu te rappelles le Vieux ? L'homme au crâne poli et à la langue agile ? Chilou, mon prédécesseur Achille, notre bon vieux Dirlo, le Dabe, dont l'exquise politesse n'avait d'égale que la mauvaise foi.
Eh bien ! figure-toi qu'il a disparu !
Volatilisé, le bouffeur de chagattes !
En même temps qu'une petite comédienne dont les « coups de chaleur » sont réputés à Paris et dans la France métropolitaine. En apprenant ça, tu te dis qu'ils sont allés enfiler le parfait amour dans un coin peinard ?
Zob, mon pote ! A côté de la plaque ! Quand tu sauras ce qui s'est passé, t'auras les roustons qui te gicleront des orbites !
Dans ce book, on y va à fond la caisse !
Emporte ton détachant pour les éclaboussures !
Tu connais l'histoire de la chèvre de M. Seguin ? C'est celle de la mère Tatzi. Sauf qu'il manque M. Seguin. Par contre, des loups, t'en trouves à gogo. Et avec des dents vachement carnassières. Il en faut pour bouffer cette vieille bique.
Si tu n'as jamais vu le prince Charles d'Angleterre complètement mort, le nez dans une salade de homard, lis ce book.
Si tu n'as jamais vu Béru propulser deux nonnes dans des cageots de tomates, lis ce bouquin.
Si tu n'as jamais vu San-A aux prises avec un couple mystérieux qui le ridiculise, lis ce polar.
Mais si tu as le palpitant qui déconne, l'ami, alors ne lis pas ce chef-d'œuvre, il te tuerait !
Un compresseur.
Deux cons pressés.
Deux comprimés.
Deux cons primés.
Bérurier devenu obsédé sexuel.
M. Félix dont le paf est classé monument historique.
Une Autrichienne qui nous fait passer des moments hystériques.
Une dizaine de cadavres.
Ça, c'est le résumé de ce livre.
Maintenant, si tu veux tous les détails croustillants, faut l'acheter, mon pote; qu'est-ce que tu veux que je te dise! Je ne vais tout de même pas te faire peur et te faire triquer juste avec une quatrième page de couverture!
Vous me croirez si vous voudrez, comme dit mon éternel Bérurier, mais à Chicago, un flic français en mission officielle a beaucoup plus de problèmes avec la police locale qu'avec les gangsters ! Nulle part au monde, les poulets n'aiment qu'on vienne marcher sur leurs plates-bandes, mais aux États-Unis, c'est pire qu'ailleurs…
Peut-être qu'ils craignent qu'on leur pique leur « enveloppe » au passage ! Halte-là !.. Pas touche !.. Bas les pattes !.. C'est notre affaire… BAS LES PATTES ! ils disent, les poulagas, et les durs répliquent « hands up ! », ce qui prouve que ce pays est bien celui des contradictions. Il n'y a que les gonzesses qui soient comme chez nous… Surtout les taxi-girls à qui j'ai eu affaire tout au cours de ma mission… Leur devise, à elles, ce serait plutôt « legs up », « jambes en l'air » si vous préférez.
« C'est en s'oubliant qu'on parvient à être soi-même. »
F. Dard
S'oublier. Totalement. Ses préjugés aussi. Surtout ceux qui empêchent l'humilité. Un regard croisé avec cette femme. Peut-être déjà un sentiment d'une femme ? Plus vraiment, puisque l'honneur est bafoué. Son crâne rasé d'avoir aimé l'ennemi. Alors oublier, oui, et recommencer différemment ; pour elle. Passer à autre chose, chercher refuge dans un travail difficile, éprouvant : la route. La retrouver enfin, elle qui m'attend. Mais retrouver aussi le plus terrible des secrets, de ceux qui rongent une éternité, assombrissent vos jours, dévorent vos nuits, parce qu'il vit à vos côtés, indissociable et omniprésent. Pourtant, j'ai pris le parti d'oublier.
Saint-Chef en Dauphiné, où repose Frédéric Dard, rebaptisé ici Saint-Theudère, sert de cadre à ce roman. C'est là qu'Hélène, sœur du milicien Petit Louis, dont l'auteur nous raconte l'exécution sommaire de façon si poignante, trouve refuge auprès du narrateur, un jeune résistant lyonnais. Celui-ci s'éprend de cette victime de l'épuration qu'il aimerait pouvoir soustraire définitivement à l'ardeur vengeresse des FFI.
Publié en 1949 aux Éditions Dumas à Saint-Étienne, ce roman est inspiré d'un voyage effectué par l'auteur avec les gens de la route. Cette même année 1949 fut par ailleurs prolifique et prémonitoire : c'est elle, en effet, qui vit la parution du premier livre d'où découlera, servie par un hasard singulier, la célèbre série du commissaire SAN-ANTONIO.
Je file un coup de périscope hors de ma tire et j'avise une Aronde qui se pointe à ma hauteur. L'espace d'une seconde, je me dis qu'il s'agit peut-être d'un coup fourré organisé par des malfrats qui en voudraient à mes os préférés, mais je décide que des truands ne klaxonneraient pas pour se signaler à mon attention et que, d'autre part, ils ne rouleraient pas dans une Aronde. Alors je lève le pied…
Combien d'temps croyez-vous-t-il que ça durera-t-il, c't'absence de mon Béru, commissaire ? Ce silence ? J'vais prendre un avocat et m'reconstituer partie civique. Réclamer des hommages et intérêts ! Un homme comme mon homme, ça vaut son poids d'pognon, croiliez-moi ! Faut qu'l'Etat va m'le payer, commissaire. Sans compter qu'un chibre comme l'sien, au grand jamais j'retrouv'rai l'même. C'tait classé monument hystérique, un nœud de c't'acabit ! Les taureaux faisaient la gueule quand y voiliaient limer c'pauv'Alexandre-Benoît dans la nature.
Ça va faire deux mois que j'étiole du frifri, commissaire. C'est plus une vie !
(Doléances de Berthe Bérurier)
Ma Félicie chérie,
Je t'écris d'Istanbul où je vis des choses que tu auras du mal à croire lorsque je te les raconterai. Jamais, de toute ma carrière, je n'aurai eu tant d'ennemis sur le dos à la fois. On peut dire que je bois le calife jusqu'à l'hallali ! Je travaille en « poule » avec Violette, une nouvelle inspectrice « ormée » par le Vieux. Béru a complètement défoncé le fondement d'une employée du consulat. Mathias a les poches bourrées de gadgets qui ridiculiseraient James Bond. Quant à Jérémie Blanc, il devient raciste ! Mais comme dit Violette : « L'un dans l'autre, on s'en sort. » Je ne me souviens pas si, la dernière fois tu m'as fait une blanquette, tu avais bien mis un jaune d'œuf dedans ? Le mieux est que tu m'en refasses une autre quand je rentrerai. En attendant, je Bosphore.
Grosses bises,
Ton fils pour la vie.Antoine.
— Bouge ton pied que je voie la mer, soupira Véra.
J'ai bougé mon pied.
Elle a vu la mer.
Et du même coup, le spectacle le plus effarant, le plus incrédulant, le plus tout ce que tu voudras qui se puisse imaginer !
Si tu ne crains pas les péripéties, entre avec nous dans la ronde, mon pote.
On n'a pas le temps de s'embêter.
D'ailleurs, on n'a même pas le temps de comprendre.
Mais on n'est pas là pour ça, hein ?
Bérurier, ex-interne des hôpitaux de Paris ?
Ça vous la coupe, hein ?
Et pourtant vous allez voir que le Gros sait aussi bien manier le stéthoscope que le saucisson à l’ail.
Surtout quand il a comme vieille bonne une sémillante donzelle nommée Pinaud.
Et si ce bouquin vous détraque la rate, vous savez maintenant par qui vous faire soigner !
Fallait bien que ça arrive un jour ! À force de cavaler côte à côte, Béru et moi, on a fini par se retrouver face à face. Et quand le Gros se met à faire du zèle au point de nous valoir une nouvelle guerre contre l’Allemagne, croyez-moi, c’est duraille d’arranger les bidons.
Aller à l’autre bout du monde pour se tirer la bourre, c’est un comble, non ?
En tout cas, j’en connais un qui nous a bien eus, tous les deux. Je vous dis pas son blaze, il est dans le bouquin !
A l'enterrement de mon onc' Prosper, à Saint-Locdu, mon village natable, yavait Sana. Pas très corrèque, y m'refile, au moment des gondoléances, un œuf frais dans la pogne. Bon, passons !
Y avait aussi ma cousine Laurentine, la plus foutue garce du canton. Voilà-t-il pas qu c'te vilaine haridelle glisse et tombe dans la fosse, surl'cercueil à m'n'onc ! Et quand Collignier, l'notaire — un sacré biberonneur, soit dit en passant — nous annonce que l'héritage de Tontonva reviendre à son animal de compagnie et qu'nous deux, la Laurentine et moi, on s'ra que les jus-de-fruitiers, alors là, la cousine, è s'dresse comme un fantôme sur une lande écossaise…
Mais c'est pas l'tout : l'animal dont auquel il est question, c'est pas un chien, ni même un gros matou. C'est un coq, Mongénéral qu'y s'suce nomme…
Sacré Tonton ! Dommage qu'y soye canné. Parce que, s'il avait su tout ce qui s'en aye suivi, y serait resté baba…
Comme moi…
Pourquoi j'aime les livres de San-Antonio ?
Parce qu'ils me font mourir de rire. Je l'avoue sans honte, sans éprouver le besoin de me justifier en faisant remarquer que, mine de rien, leur auteur est un écrivain véritable, sérieux. Le Rabelais de notre époque. Rions avec San-Antonio, notre ami, champion du rire toutes catégories : petit rire, gros rire, fou rire, rire de coin, rire bon enfant, rire vengeur, contrepèteries, à-peu-près, calembours, San-Antonio ne fait pas la fine bouche.
Nous non plus. C'est si bon de rigoler sans faire de manières, de se détendre, des dilater la rate, de se tenir le ventre, de s'étouffer de rire, d'en hurler, d'en pleurer.
Quiconque nous fait rire est notre meilleur ami. Un conseil : lisez San-Antonio.
Son petit monde deviendra le votre.
Marcelle SEGAL (La Suisse)
Figurez-vous qu'Alcide Sulfurik, plus connu dans les milieux de l'espionnage sous le matricule S 04 H2, a été kidnappé au retour d'une importante mission en Chine populaire par un commando de rebelles arabes dans l'aride pays de Kelsaltan !
Connaissez-vous le Kelsaltan ?
Il est situé très exactement à l'angle du golfe Persique et de l'avenue Raymond-Poincaré… C'est vous dire… Pour l'atteindre, il faut, à dos de chameau, traverser le grand Rasibus ou désert de la soif.
Et, par ironie, il a fallu que pour accompagner votre valeureux SAN-ANTONIO dans cette mission périlleuse on fasse appel à Pinaud et surtout à BÉRURIER ! Je ne vous en dis pas plus… Joignez-vous à notre étrange caravane et venez visiter le sérail du cheikh BÉRURIER (qui est d'ailleurs un cheikh avec provision).
Chanson de salle de garde :
Et pourtant ! Oui, pourtant !
Il a bel et bien trépassé à l'ombre
des montagnes Rocheuses, notre
héroique Buffalo Bide.
Il aura donné sa vie à la France.
Et son vit à Cupidon.
Qu'il repose en pets.
Amen.
A l'époque du bienheureux Al Capone, l'Amérique connut « la guerre des gangs ».
Le conflit a fait moins de victimes que celui de 14–18, toutefois, il a été sévère. En ce temps-là, quand tu dérapais sur un trottoir, c'était dans une flaque de sang plutôt que sur une peau de banane !
Y avait des flingueurs partout : dans les restaurants, les cinoches, les églises, les pissotières et les rues, surtout !
On croyait ces fantaisies révolues. Fume, mon grand, fume ! Voilà que, sous une autre forme, tout recommence. En gigantesque ! En omniprésent ! En plus qu'impitoyable !
Le « Consortium », ça s'appelle, cette vérolerie.
Et moi, le Sana-joli, avec mon courage démentiel et ma belle bitoune toujours prête, je m'attaque à cette hydre !
Malheur de mes os !
A compter de cet instant, il m'arrive les pires trucs et je marche sur un tapis de cadavres !
Tout s'écroule autour de ma pomme. Apocalypse intégrale ! La mort, l'horreur, la folie ! Le bout du bout, quoi !
Âmes sensibles s'abstenir !
Quant aux autres, prenez le pied de votre vie !
C'est ma tournée
Ben, mon vieux, dans le machin ici présent que voici, il y est pas été a'v'c le dos de la cuiller, le Sana ! Youyouille, tu parles d'un circus, mon n'veu ! Ça carbonise à tout va. Des événements pas banaux, espère ! Quant à ce dont qui conceme les gonzesses, je peux t'résumer en trois mots : dé-gueu-lasse ! Enfin, brèfle, on s'est bien marrés. Je t'en serre cinq.
A-B. Bérurier
Je vous ai déjà passablement baladés à travers le monde, dans toutes les couches de toutes les sociétés, mais je n'ai pas souvenir de vous avoir présenté le Pape. N'en déduisez pas trop vite que ce bouquin se passe au Vatican et que Sa Sainteté, que je respecte profondément, est l'acteur d'une de mes facétieuses aventures ! Vous n'y êtes pas du tout.
Le Pape dont je parle, s'il s'appelle Paul, ne porte pas de matricule ou plutôt n'en porte plus, vu que voilà bientôt dix piges qu'il est sorti de taule.
Et c'est en toute candeur qu'il a troqué la casquette-à-julot pour la tiare pontificale de la religion… luciférienne ! Cette fois, vous avez pigé ! Oui, mes amis, je vous emmène faire un tour dans une société secrète, avec messes noires, sacrifices et tout le schbigntz…
Vous l'imaginez, votre San-Antonio, en enfant de diable ? Ne vous inquiétez pas si mon encensoir fume, c'est qu'il vient de cracher quelques bastos de 9 mm.
Victor Menda a tout perdu dans un casino de la Côte d'Azur.
Alors qu'il erre la nuit, désabusé, il a une brève aventure avec une femme mystérieuse dont il ne réussit pas à voir le visage.
En recherchant sa trace, il fait la connaissance des demoiselles Lecain, de riches héritières vivant recluses. L'aînée, Hélène, s'occupe avec dévouement de sa sœur Eve, une infirme de vingt ans, clouée sur son fauteuil roulant. L'irruption du jeune homme dans leur vie agit comme un catalyseur. Si Eve tombe très vite sous le charme de Victor, lui n'a d'yeux que pour Hélène… Un triangle amoureux à l'équilibre précaire se met en place. Mais les apparences sont trompeuses et quelqu'un tire les ficelles dans l'ombre. Une seule question : qui ?
Retraité précoce, un fonctionnaire rencontre une jeune femme par petite annonce et l’emmène vivre dans une ferme de Sologne.
Mais le fils qu’elle a déjà, sous des dehors charmants, est une petite frappe inquiétante et perverse.
Elle-même…
— En somme, vous êtes heureux ?
— C’est un grand mot…
— Elle paraît gentille. Peut-être un peu trop, non ?
Dans un climat d’érotisme et de peur, de cupidité et de haines contenues, Frédéric Dard nous montre, avec sa cruauté baroque jusqu’où peut conduire l’asservissement sexuel.
Et c’est terrible.
Je vais te dire…
Moi, quand je prête mon aimable concours à une gourgandine pour l'aider à perpétrer un vol et que ma carrière de flic d'élite ne sombre pas dans l'aventure.
Quand les bombes m'éclatent sous les claouis sans me causer la moindre égratignure.
Quand je suis expédié à perpète au fond d'un puits, d'où personne n'est jamais sorti, pas même la vérité, et que j'en remonte frais comme un gardon.
Oui, moi, quand tout ça, plus le reste m'arrive, à la fin de ces délicatesses je respire un grand coup et je m'écrie :
— Champagne pour tout le monde !
A la bonne mienne, les gars !
Les Editions Fleuve Noir ont longuement hésité avant de publier cet ouvrage. Car les événements qu'il retrace sont rigoureusement authentiques et mettent en cause l'épouse d'un ministre.
L'aventure survenue à cette courageuse femme est hors du commun, c'est pourquoi, seule une acceptation de sa part pouvait nous décider à éditer ce livre. Ce consentement héroïque, elle nous l'a donné sans réserve.
Nous prions donc Mme Alexandre-Benoît Bérurier de trouver ici l'expression de notre admiration et de notre reconnaissance.
Tu ne m'ôteras pas de l'idée que si nous n'avions pas aperçu M. Félix, menottes aux poignets, un après-midi, à la Porte Saint-Martin, rien de tout cela ne serait arrivé.
Qu'en tout cas, ça se serait passé autrement.
Et que nous a-t-il dit, M. Félix ?
Ceci :
— Oui, messieurs, je montre mon sexe dans les couloirs du Métropolitain, c'est vrai. Je ne suis pas particulièrement sadique, enfin pas davantage que n'importe qui ; mais si j'agis de la sorte, c'est pour créer de l'émotion. En exhibant ma b… je l'exprime ; j'accomplis bon gré mal gré un acte littéraire.
Complètement azimuté, M. Félix !
Remarque, en réfléchissant bien : même s'il s'était pas fait poirer à montrer Coquette dans le métro, tout ça serait arrivé quand même.
Puisque de toute façon, l'autre pomme dont j'ai oublié le nom allait se suicider !
Tu as déjà acheté de la viande sous cellophane, toi ? Oui ? Ben, faut vivre avec son temps bouffe-merdique, que veux-tu.
Mais des bites sous cellophane, t'en as déjà vu des bites sous cellophane ?
Jamais ?
Moi si ! Lis ce book et t'en auras plein la musette (plein l'amusette).
Une aventure pareille, j'ai bien cherché : tu peux pas la trouver ailleurs que dans mon œuvre.
En plus des biroutes par paquets, t'auras droit à des frangines ultra-rapidos du réchaud.
Elles te regardent et ton bénouze se transforme en socquette.
Je les appelle des cocottes-minute.
C'est beau, un porte-jarretelles.
C'est musical.
Y en a qui préfèrent la guitare électrique, libre à eux, tout le monde peut pas avoir ma santé.
Moi,le collant, j'admets pour les danseurs à la rigueur. Mais reconnais qu'une frangine, son triangle de panne est beaucoup mieux en situation sous les branches d'un porte-jarretelles en fleur, non ?
La couleur de çui d'ici j'te la dirai pas, t'as qu'à m'acheter ; pour le prix que ça coûte, à l'heure d'aujourd'hui, ça vaut même pas la peine de m'emprunter.
D'autant que dans ce gros book il est pas question que de porte-jarretelles.
Y a aussi le reste.
Et crois-moi, ce sont de beaux restes, tu verras !
Tout à la joie de l’arrivée de son fils adoptif Antoine, nommé major de sa promotion à l’Ecole de Police, San-Antonio doit très vite déchanter : par un fâcheux concours de circonstances, Antoine se retrouve le principal suspect d’un crime survenu au cours d’une rave-party, dans le milieu des exploitants agricoles de la Beauce profonde. La victime, Mélanie Godemiche, fille unique d’une grande famille de propriétaires terriens de la région de Chartres, a été retrouvée morte et atrocement mutilée. C’est elle qui avait organisé la rave-party. Ami et invité de Mélanie, Antoine a malencontreusement perdu, sur les lieux de la fête, une casquette marquée à ses nom et prénom, qui fait de lui le suspect n°1.
Afin de prouver l’innocence de son fils, le commissaire vient enquêter parmi les membres de la famille Godemiche : Mathilde, seconde épouse du père de Mélanie, Léonard Godemiche, décédé quelques années auparavant, vit dans la grande ferme familiale, en compagnie de Suzie, soubrette complaisante envers les désirs lubriques de sa patronne supernymphomane.
Jacquemart-André Godemiche, frère de Léonard, à quelques lieues de là, veuf inconsolable d’une épouse adorée, vit avec son fils Nicolas, jeune homme renfermé et parfois violent.
C’est alors que l’enquête, difficile au départ, se complique encore car le meurtre de Mélanie est bientôt suivi de deux autres. Pour le juge d’instruction, le responsable de ces trois crimes reste toujours Antoine, mais San-A, grâce à sa sagacité, parviendra à démasquer le criminel : Jacquemart-André, qui prélevait sur les jeunes mortes de quoi rendre vie à son épouse dont il conserve le cadavre dans son grenier.
Mes funérailles étaient prévues pour dix heures, mais dès neuf heures, la maison était déjà pleine de gens. Tout le monde pleurait, ce qui me touchait beaucoup. Sur les faire-part on avait précisé « ni fleurs ni couronnes », histoire de ne pas mettre les copains dans les frais, mais, nonobstant cette recommandation, la plupart des assistants s'annonçaient avec des gerbes, des couronnes, des coussins d'œillets, des croix en roses et autres joyeux présents. Oui, il faut vraiment mourir pour mesurer le degré de sa popularité. J'en étais tout ému. Mais quand j'ai vu radiner le Gros, beau comme une pissotière repeinte, dans un complet noir, avec une chemise vraiment (et très provisoirement) blanche, soutenu par Alfred le coiffeur, mon cœur m'est remonté dans le gosier.
Tu le savais, toi, que la Namibie existait ?
Il a fallu que j'y aille pour m'en asssurer. Et j'ai eu raison parce que, là-bas, il s'en passe des choses. Ça se chicorne à mort dans ce book.
Avec la peau de tous les gaziers qui y défuntent tu pourrais refaire le tapis de Palais des Sports.
Ça me la sectionne au ras des frangines, que tant de gens sacrifient leur garce de vie, une et indivisible, sur l'autel de l'arnaque. Note que les flics dans mon genre sont encore plus cons puisqu'ils font cadeau de la leur !
Car notre devise, à nous autres, c'est : « Pas le beurre, pas l'argent du beurre : tout à la graisse d'oie ! »
Si je voulais l'envoyer rejoindre Crâne pelé dans la baille, je n'aurais qu'une bourrade à lui administrer.
Mais je ne tiens pas à procéder ainsi car ce faisant je perdrais le plus important témoin de mon affaire. Et comme ce témoin est par la même occasion le principal inculpé, vous comprendrez sans qu'on vous l'écrive au néon dans la cervelle que je sois enclin à ne pas me séparer de lui. Un inculpé de cette catégorie, je l'aurai payé le prix !
Lorsque votre chef vous demande à brûle-pourpoint ce que vous pensez d'un copain, on ne peut que la boucler un instant, ne serait-ce que pour se demander ce qui le pousse à poser une question pareille et aussi comment on va y répondre. Le grand patron est agité. Il est adossé au radiateur, ou plutôt, comme il mesure deux mètres, il est assis dessus. Il passe sans arrêt sa main fine sur son crâne en peau de fesse véritable. Ses yeux bleuâtres me considèrent avec intérêt. Je sens qu'à moins d'accepter de passer pour une truffe le moment est venu de me manifester. Je me racle le gosier.
— Wolf, je balbutie… Wolf… Ben, c'est un bon petit gars, non ?
— Non, San-Antonio : Wolf n'est pas un bon petit gars, et vous le savez aussi bien que moi…
Moi, tu me connais ?
Je suis pas le genre de mec qui paie pour calcer une gonzesse.
Mais j'appartiens pas non plus à l'espèce qui se fait douiller.
Les écailles, je laisse Ça aux vrais harengs.
Alors, te dire ce qui m'a pris de marcher dans cette combine de cornecul, franchement je pourrais pas.
Y a des moments, dans la vie, où on perd les pédales.
Note que j'en ai trouvé une chouette, chemin faisant, pour compenser.
Si j'avais pu prévoir l'hécatombe qui découlerait de mes prouesses matelassières, je serais resté chez maman.
Tu me crois pas ?
Attends que je fasse le compte des allongés…
Oh ! puis non : j'aurais pas assez de doigts.
Il me regarde avec intérêt et commisération.
— Vous êtes monsieur Berthier ? demande-t-il.
Il se dégrafe le col pour avoir plus de possibilités oratoires.
— Non, réponds-je, pourquoi ?
— Je venais à cause que Mme Berthier a eu un petit ennui, fait-il gauchement.
— Ah ?
— Oui, elle s'est fait écraser par une auto…
— Et elle est morte ?
— Tuée net.
— C'est ce que vous appelez un petit ennui, vous ?
Le gars qui pourrait me prouver par a + b qu'il a, au cours de son existence, exécuté une besogne plus débectante que celle à laquelle je me livre depuis une huitaine de jours aurait droit, selon moi, au salut militaire, au salut étemel et à une place assise dans les chemins de fer. Faut vraiment avoir le palpitant arrimé avec du gros filin pour tenir le choc. Et je le tiens, moi, le choc, parce que mon job c'est justement de ne pas faire la fine bouche. Voilà une semaine que je visite les morgues de France à la recherche d'un cadavre…
Ce bouquin doit suffire à intriguer un zig dont l'existence n'est pas particulièrement de tout repos. Il va se demander si c'est un coup de la police ou d'une autre bande. Dans l'expectative, il lira.
Quant à moi, en voilà assez pour aujourd'hui. Je n'ai plus qu'à aller me coller dans les toiles en attendant que la Terre ait fini son petit tour dans le noir.
A l'occasion du centenaire de ma mort, je suis heureux de vous présenter un San-Antonio nouvelle manière.
Le fameux commissaire guigne la succession d'un Superman intemational et, l'espace d'un livre, devient son disciple.
Alors, il met la baise et la rigolade en veilleuse pour tenter de réussir son examen de passage. S'il y parvient, Sana sera promu super-dauphin. S'il échoue, il sera sacré bézuquet à vie.
Dans un cas comme dans l'autre, il continuera d'escalader ces dames et de dilater la rate de leurs maris. A la vôtre !
Victor Hugo
Bon, que je te dise…
Tu vas trouver relatée ici la première affaire de la « Paris Détective Agency » que je dirige avec le brio dont tu me sais capable.
Et cette première affaire, c'est pas la première venue, espère ! A cause de toutes les amazones qui la composent, moi, franchement, j'ai cru devenir chèvre. Ou plutôt bouc, ce qui est davantage dans mes emplois.
Avec les frangines, tu sais jamais où tu en es. D'autant que cette fois-ci, je suis tombé sur un lot de luronnes qui ont des choses au chose (ne serait-ce que les miennes !). Tu vas voir ces Jeanne d'Arc, mon neveu, vérolières et ignifugées ! Pour reconnaître le bon grain de l' ivresse, dans un pareil cheptel, faut le télescope géant du mont Palomar.
Et surtout pas craindre l'insomnie.
Heureusement que Béru et Pinuche sont là pour me tenir la chandelle par les deux bouts !
Si ma Félicie ne s'était pas mise à chialer devant son poste de télé, rien ne serait arrivé.
Mais moi, les larmes de m'man, je ne peux pas supporter.
Faut que j'agisse.
Seulement quand tu agis comme un con, tu fais des conneries, non ?
Note qu'avec moi, pour ce qui est des conneries, je ne te laisse jamais en manque.
Boris Alliachev, vous connaissez ? Espion international… Recherché dans une tripotée de pays… Enfin le genre de mec que tout flic normalement constitué rêve d'agrafer à son palmarès !
Figurez-vous que je l'ai précisément sous les yeux, en ce moment… Il est assis dans un restaurant russe et il jaffe du caviar comme un qui aurait la conscience tranquille et le larfouillet bourré.
Seulement voilà qu'un pastaga démarre dans les parages : un jules, laid comme un dargif de singe, entreprend de dérouiller sa poule, une ravissante môme de vingt berges.
Mais ce n'est pas le genre de chose qu'on fait devant S.-A, pas vrai ? Alors je sors mon uppercut des grands jours… Et pendant la bagarre, le Boris, lui, il prend la tangente ! Vilaine affure, les gars, mais cette brute de S.-A. n'a pas dit son dernier mot !
Cette histoire a commencé très bizarrement. Depuis une quinzaine, je me faisais tarter à Liège, dans l'attente d'éventuels espions qui devaient passer par là. Pourtant, j'adore cette ville au charme provincial, mais franchement, quinze jours sans action… Ça me devient vite insupportable.
Et puis un matin, alors que j'étais encore dans ma chambre d'hôtel, mon attention a été sollicitée par un curieux éclat lumineux. Je me suis approché par le balcon de la chambre voisine, et là j'ai vu le spectacle le plus insolite de ma vie. N'allez pas imaginer du gaulois…, du paillard…, du pomo… Pas du tout.
Il y avait dans la pièce un brave monsieur occupé à fourrer des fruits confits avec des…diamants !
Quelques heures plus tard, je l'ai revu, le type.
Mais je n'ai pas eu l'occasion de lui poser des questions, vu qu'il était en train de tomber du sixième étage dans une cage d'ascenseur…
Quand j'étais môme et que ma bonne vieille Félicie m'emmenait en vacances à la montagne, dans le Jura, j'adorais fureter du côté de la scierie. J'ai toujours aimé l'odeur du bois fraîchement coupé et le grincement plaintif des scies mécaniques mordant le sapin… Non, ne croyez pas que je cherche à vous pondre de la Haute Littérature, ni que le bucolique (néphrétique) soit à l'ordre du jour, car je vous jure que cette passion de mon enfance, je l'ai perdue… A tout jamais… Car présentement, je me trouve lié sur une de ces scies qui faisaient mon admiration… Et c'est moi qui fais le rondin. La lame se trouve très exactement à 1 mm de mon buste et je ne dispose plus que d'un centième de seconde pour agir… C'est ce qui s'appelle avoir du pain sur la planche !
Lorsque la grande aiguille de ma montre a fait sa révolution sur le cadran, la porte de l'usine se rouvre et mon zigoto réapparaît. Il est plus furtif qu'un souvenir polisson et il se met à foncer dans la partie obscure du quai, la tronche rentrée dans les épaules… Il marche vite, sans courir cependant… Il semble avoir peur… Oui, pas de doute, il est terrorisé… Je lui laisse du champ et je démarre en douceur.
Soudain, il se cabre. Dans l'ombre, devant lui, se tient une seconde auto, tous feux éteints… Il marque un temps et s'écarte pour passer.
Dedans, j'aperçois vaguement deux silhouettes…
Franchement, je me demande ce que nous sommes allés foutre à Las Vegas, les Pinaud, les Bérurier et moi. En France, nous étions peinards : tout baignait. J'avais ma Féloche, mes potes et plein de culs proprets à ma disposition. Des petites mignonnes douées me taillaient des calumets irréprochables qui ne pénalisaient pas mon futal, et quand je leur déballais ma tierce à pique dans un plumard, personne ne venait les scrafer sur mon bide pendant qu'elles faisaient du trot anglais.
Tandis qu'à Vegas !…
Cette hécatombe, my nephew !
Tout le monde cartonne tout le monde !
Les flics en tête !
Tu peux oublier ta petite laine à la rigueur, mais surtout pas ta médaille de saint Christophe.
Vacances peinardes sur la Côte…
Boîte de nuit dans la pinède…
Une frangine de vingt berges dans mes bras…
Et voila que ça démarre…
Un ancien pote à moi vient se faire rectifier à mon nez et à ma barbe…
Un Bérurier beurré qui se radine…
Un nouveau meurtre…
Finie ma belle tranquillité…
Décidément, j'attire l'embrouille comme le sirop attire les guêpes !
Généralement, l'éditeur demande à l'auteur de pondre un texte vachement alléchant pour placarder à cet endroit.
Moi, à force, ça me fait tarter, ce batelage de foire. Que si ça continue, je te vous fous la photo en couleurs de mon scoubidou-verseur à la place du bla-bla demandé. Pas grandeur nature, évidemment, le format permettrait pas !
Si vous avez pas confiance dans la munificence de ce livre, si vous êtes pas intim'ment con-vingt-cul que l'histoire ci-devante est pleine de coups de théâtre, de gonzesses habillées d'un timbre-poste, de descriptions à la mords-moi le neutron et de calembredouilles, alors finissez de me tripoter avec vos mains sales, reposez-moi sur le rayon où que vous m'avez pris et foncez dans le fond du magasin acheter la vie de sainte Tignasse de Loyola.
Je veux plus mettre ma prose en vitrine, moi !
J'ai ma dignité, moi ! Ou en tout cas je fais comme si !
Je connais plusieurs centaines de milliers de femmes qui vont avoir un sérieux pincement au cœur en lisant les premières lignes de cette histoire : imaginez un peu, mes belles, le beau, l'unique, celui qui vous fait tourner les têtes, le commissaire San-Antonio vient de se marier ! Et pour mettre un comble à votre désappointement, sachez que sa légitime n'est autre que la fille d'un célèbre savant russe… Mais sachez aussi qu'elle pèse deux cents livres et qu'à côté d'elle Berthe Bérurier est une starlette d'Hollywood ! Rassurez-vous, il y a gros à parier qu'avant la fin de ce chef-d'œuvre, le magnifique Commissaire sera de nouveau disponible…
En attendant, il a fallu passer une sacrée nuit de noces ! Heureusement que Bérurier ne sait rien refuser à son supérieur ! Heureusement que rien ne le rebute… Et après tout…, dans le noir…
Le roi de la sardine à l'huile a disparu !
La recherche dans l'intérêt des familles, c'est pas mon blot !
Mais quand Béru et Pinaud se volatilisent à leur tour, je me mets en chasse… En compagnie de la légitime du disparu.
Une jeune femme inconsolable…
Inconsolable ?
Tous les locataires de l'hôtel de la Manche affirment l'avoir entendue gémir toute la nuit… mais pas de chagrin, croyez-moi !
Approchez, mes belles, je vais vous raconter ça en long, en large et en travers.
Ceux qui n’ont jamais vu un individu manger tour à tour :
… une semelle de chaussure, un crapaud vivant, une selle de vélo, une corne à poudre, une autre de chef de gare, un écureuil empaillé et un cadran solaire… n’ont jamais vu Bérurier dans le plus extraordinaire numéro de boulimie de tous les temps !
Ceux-là ne peuvent pas non plus imaginer le fabuleux San-Antonio tout en haut d’une grande échelle, occupe à… peigner la girafe !
— Qu'est-il arrivé ? s'inquiète le chef de train.
— Ça se voit, non ?
— Cette personne est tombée ?
— Un peu, et elle s'est plutôt fait mal.
— Elle était avec vous ?
— C'est-à-dire qu'elle se trouvait dans mon compartiment. Je lui bonnis l'incident du mironton venu tirer la chevillette. Elle portait des lunettes, dis-je. Il paraît qu'elle a voulu aller aux toilettes et s'est trompée de lourde.
Derrière moi, il y a le passage à niveau où l'homme se fit ratatiner par un rapide… Je laisse ma voiture sur le bord du fossé et je me mets en quête du numéro 12… Pas marle à dénicher… C'est une petite construction sans étage, couverte d'ardoise… M'est avis qu'il s'agissait d'un pavillon de chasse situé au fond d'un parc. La voie ferrée a coupé le parc et on a vendu le morcif de terrain avec la masure. Schwob l'a fait réparer, mais il y a un certain temps, car elle n'est plus très fraîche… Les volets sont clos… Dans la lumière blafarde de la lune, ce pavillon a quelque chose d'inquiétant. J'ai comme l'impression de l'avoir déjà vu sur la couverture de « Mystère-Magazine » !
J'aime mieux vous prévenir, les gars :
Des histoires pareilles, vous n'en trouverez pas souvent.
Ce qui vaut mieux pour ma santé.
Mamma mia ! A la fin de ce circus effarant, je ne savais plus bien si je m'appelais San-Antonio, Edouard ou la Joy !
Y a fallu que je me cramponne aux branches !
Et surtout que je garde la tête froide, ce qui n'était pas fastoche avec la lampe à souder qui me servait de chapeau !
Le transformateur cérébral, vous savez ce que c'est, vous ?
Moi, je l'ignorais.
Mais maintenant je sais !
Avez-vous déjà vu un personnage obèse, cradingue, vinasseux et violacé, en pantoufles, maillot de corps gris (mais qui fut blanc jadis), portant un pantalon de coutil rapiécé, affublé d'un véritable sombrero mexicain se prélasser dans les fauteuils du Boeing Paris-Tokyo ?
Assurément non ! Pour se délecter d'une pareille situation, il faut avoir lu « Fleur de nave vinaigrette ».
Au passage : savez-vous comment se traduit « Fleur de nave » en japonais ? « Bey-Rhû-Ryé » ! Rigoureusement authentique !
Si vous ne me croyez pas, consultez votre judoka habituel.
Le gonzier qui passe sa vie dans ses charentaises, à concocter d'illusoires tiercés et quintés plus, ne peut pas s'imaginer tous les amphigouris de ce monde.
Je te prends « la fête du banc », dans l'Utah, tu savais qu'elle existait, toi ?
Moi non plus.
Ben, elle existe, mon vieux, et j'ai failli m'y faire lyncher.
Béru, M. Félix, le Marquis ont eu des avaries de paf si terrifiantes que leur trompes de l'émisphère sud, mondialement réputées, filaient la gerbe aux coyotes.
Si t'as pas peur d'affronter le bizarre, lis ce book d'extrème urgence. Tu y rencontreras d'inoubliables personnages : Roy, dit « Petit Gibus », qui, à six ans, pilote une dépanneuse ; Ivy, la femme du pasteur qui raffole de la levrette ; Le cow-boy suisse qui tire plus vite que son ombre. Sans parler du shérif, un drôle de pourri qui m'a viandé de première !
Non, franchement, t'as pas le droit de passer à côté de cette histoire.
Si tu négligeais la lecture de Foiridon à Morbac City, tout le monde se foutrait de la gueule.
T'as pas besoin de ça !
Dans le numéro spécial de Lire (plus de 800 pages) qu'il a consacré à San-Antonio et qui s'intitule : SAN-ANTONIO, son vit, son œuvre, Bernard Pivot a écrit dans sa brillante introduction que San-Antonio était le plus grand écrivain de langue française après Shakespeare.
Le célèbre journaliste, monarque incontesté de la littérature actuelle, vient de nous adresser un rectificatif pour nous dire sa crainte de voir cet « après » mal interprété et créer une notion de subalternité dont San-Antonio aurait à souffrir par rapport à Shakespeare ; il préférerait substituer à son « après » la préposition « depuis », qu'il juge moins équivoque.
Nous le remercions pour sa grande probité morale et espérons que le présent ouvrage renforcera encore son admiration pour l'immense écrivain.
Les éditeurs.
Des fantômes en Irlande ?
Laisse-moi me marrer !
Là-bas, y a que des ivrognes, mais alors des vrais de vrai !
Etant donné que Guinness is good for leurs pommes, ils s'en cognent des pintes. Tandis que nous autres, en Francerie, c'est des pintes de bon sang qu'on s'envoie.
J'ai eu beau chercher un certain fantôme, je n'ai pu dénicher que des poivrots et des curés. Entre autres, le bon père O'Goghnaud à qui j'ai eu la joie de donner ma bénédiction épiscopale.
Tu voudrais savoir ce que j'allais épiscoper dans cette île ? Ce serait trop long à te raconter. Faudrait t'expliquer le coup de la môme qui avait oublié son slip dans ma chambre de Dublin, et puis la visite des gonziers qui avaient l'intention de me marquer au fer rouge, et comment Béru s'est passé la frite à la cire à parquet, et puis encore des flopées de trucs.
Je marche un peu, histoire de briser ma tension nerveuse. Mais c'est une coriace que cette tension-là ! Une seconde cigarette ne l'entame pas davantage. Au contraire, j'ai l'impression qu'elle est toute prête à se rompre…
Je jette un coup de saveur à ma breloque ; voilà près de deux heures qu'elle est entrée dans la carrée, Elia… Et celle-ci demeure aussi inerte et silencieuse qu'auparavant.
Il n'y a toujours qu'une fenêtre éclairée… Et quand je dis éclairée, j'exagère… Simplement on décèle une lueur…
Que fabrique-t-elle derrière cette façade croulante ?…
Dis, tu connais la nouvelle ?
Je vais me marier !
Non, non, c'est pas du bidon : je suis sur le point de convoler.
Tu me vois, loqué en convoleur de charme ? Ça va faire couler de l'encre, entre autres, non ?
San-A.-la-bague-au-doigt !
Lui qui arborait plutôt un parabellum en guise de bijou.
Enfin : mieux vaut tiare que jamais, comme l'affirme le pape auquel je rends un sacré service dans ce livre. Et dire que si Béru n'avait pas eu un pote cardinal, rien de tout cela ne serait arrivé…
Surtout me raconte pas que tout ce bigntz est impossible.
Car tu vois, pour en avoir le cœur net, j'ai essayé.
Et tu sais pas ?
On peut !
Moi, vous me connaissez ? Je n'ai jamais eu peur de rien ! J'ai entendu siffler pas mal de balles à mes oreilles… Il m'est même arrivé de ne pas les entendre passer pour la bonne raison que je les avais interceptées au vol… Je me suis bagarré avec des types plus colosses que celui de l'île de Rhodes, j'ai pris des gnons… sans jamais connaître le sentiment de la peur.
On m'a fait le coup de la baignoire, celui de la scie à métaux sur le tibia, les allumettes enflammées sous les ongles, la cigarette écrasée sur la joue, et toujours sans m'arracher un cri ni un mot.
C'est à peine si je perdais le sourire.
Et pourtant… aujourd'hui, « J'ai peur des mouches »… Ces minuscules diptères me terrorisent, car dans la contrée où je suis, elles véhiculent la mort… La plus atroce des morts.
Y'en a d'autres qui sont autrement, mais moi, que voulez-vous, j'suis comme ça !
Vous le savez, je suis habitué aux coups les plus durs et les plus vaches.
Mais celui qui m'arrive sur le coin de la hure est le plus bas que j'aie jamais encaissé : ON A KIDNAPPE FELICIE !
Si vous n'avez jamais vu un San-Antonio féroce, un San-Antonio effrayant de colère, vous allez être servis.
Avec Béru, on s'est bien juré que le premier des ravisseurs de ma mère qui nous tombera sous la paluche aura droit à une concession au Père-Lachaise…
Qu'on se le dise !
1944 — La libération. Le drame d'une famille qui a mal choisi son camp et dont le châtiment sera impitoyable. Huis clos d'une nuit où défilent dans la tête et le cœur de chacun, les rivalités, les rancœurs, les regrets et les souvenirs heureux.
Écrit en 1945, paru à Lyon en 1946, La crève fut tirée à 500 exemplaires, jamais réimprimé depuis. Pourtant il s'agit d'un grand livre où l'auteur, malgré sa jeunesse, donne la pleine mesure de son talent d'écrivain et révèle déjà sa nature d'humaniste.
A peine ai-je franchi le seuil que je m'arrête, pétrifié par la surprise. La môme Danièle git au bas de l'escalier, la tête sur le carrelage du vestibule. Elle a la coquille fêlée et une mare de sang achève de se figer.
Je m'agenouille auprès de la pauvrette et je glisse la main entre ses roberts. Partie sans laisser d'adresse.
Quand j'ai sonné à la porte d'à côté, je ne savais pas que ce serait M. Blanc qui viendrait m'ouvrir. De même, j'ignorais qu'il était sénégalais et qu'il possédait toutes les qualités requises pour devenir mon ami d'enfance.
Et puis voilà…
Il m'a ouvert et on s'est mis à vivre des trucs comme tu peux pas savoir si tu ne lis pas ce vachement beau livre.
Ça été la fiesta de la castagne, espère !
Et celle des paires, donc !
Inutile de me bricoler la prostate, ma poule : je ne dirai pas de quelles paires il s'agit.
Mais tu vois : faut rencontrer les gens pour comprendre qu'ils vous manquaient.
C'est l'histoire d'un pauvre diable de flic à la solde maigre. Entrant un soir dans une boîte sordide pour s'abriter de la pluie, il y rencontre une belle et vénéneuse jeune fille avec laquelle il fait une partie de pile ou face. Comme il perd une fortune, il signe un chèque en bois et se laisse aller à puiser dans le coffre-fort d'un vieux grigou assassiné.
Malheureusement, un Rital à la godille l'a vu et le fait chanter…
Que fait le pauvre diable de flic ? Il se défend… et c'est le maître chanteur qui l'a dans le baba !
Là où l'affaire se complique, c'est que la belle a besoin du flic pour accomplir une sale besogne. Et d'ailleurs, elle détient LA preuve qui ne lui laisse aucune chance ni de refuser ni de s'en tirer…
La Grande Friture, roman dédié à Robert Hossein, a paru pour la première fois en 1954 aux Éditions Jacquier à Lyon dans la célèbre collection « la Loupe » sous le pseudonyme de Frédéric Charles.
Les Éditions Fayard ont décidé de publier les titres de ces romans policiers qui, après leur première publication sous pseudonyme, n'ont pas été réédités.
T'as déjà pris l'Orient-Express, toi ?
Jamais ?
Alors t'as tout raté !
Tu sais qu'il s'en passe des choses dans ce train de rêve ?
Et pas seulement celles que tu crois.
Des choses que t'en reviendras pas.
Je connais des tas de mecs qui n'en sont pas revenus.
Qui n'en reviendront jamais ! Cela dit, la baronne Van Trickhül ne le prend pas à chacun de ses trajets.
En voilà une, je te la recommande !
La Matrone des Sleepinges, je l'appelle.
Au retour, j'ai essayé de compter les macchabées jalonnant sa route ; comme j'avais pas de calculette, j'y ai renoncé.
Mais lorsque t'auras terminé la lecture de cette épopée ferroviaire, tu pourras t'y coller, si ça t'amuse.
Si on te filait dix balles par tête de pipe, t'aurais de quoi prendre l'Orient-Express à ton tour.
Auquel cas tu devrais faire poinçonner ton bifton plutôt que ta tronche !
« Le hasard ! Les hommes ne le comprendront jamais ! C'est notre père à tous. »
Frédéric Dard
Dans le décor sinistre d'une gare désaffectée, le narrateur rencontre un personnage qui se présente comme la Mort et va lui inspirer sept histoires :
• Le meurtre d'un maçon dans une cave, commis par un jeune écrivain qui s'interroge sur le sens du mot « roman ».
• L'histoire d'un pauvre diable fasciné par une putain et un unijambiste.
• Un cocu qui se venge de son rival.
• Un garçon de huit ans dont la sensibilité subit les ravages de l'amour impossible entre sa mère et le directeur de son pensionnat.
• La mort injuste d'un jeune et candide soldat allemand.
• Un épisode de l'épuration que Frédéric Dard projette dans toute son impitoyable absurdité.
• Le combat entre Diurne et Nocturne, arbitré par la déesse du Temps.
Ces contes fascinent par la férocité de leur propos et, surtout, de leurs personnages dont l'auteur semble partager l'extrême douleur.
Édité en 1946, ce livre a paru aux éditions Optic à Lyon. Adapté en pièce de théâtre radiophonique en 1947, il reçut le Grand Prix du théâtre radiophonique.
Tu grimpes une dame pute.
T'arrives au septième ciel, fin de section. Et voilà qu'au moment de l'extase, la chère gagneuse entre en transe, et se met à te raconter une tuerie qui s'opère au même instant à 800 bomes de ton plumard.
Pour le coup, tu te crois en pleine science-fiction, non ?
Eh bien, pas du tout, l'artiste.
C'est de la science-friction !
Mais je ne veux pas te faire attendre : ma pute enchantée est déjà à poil.
D'après certains renseignements que j'ai obtenus, il y a deux basset-hound dans la vie de San-Antonio.
Le premier était une chienne nommée Jezabelle, mais qui s'appellait Belle tout court. Elle est morte pour avoir mangé une taupe empoisonnée.
Le deuxième, c'est moi : Salami.
Malgré mes origines britanniques, je sors d'un élevage italien dirigé par un ancien chef de la Police romaine.
Je dispose de plusieurs particularités dont la principale est de comprendre couramment le langage humain, voire même de le parler pour peu qu'on établisse un code.
Autre singularité de mon personnage : je préfère les femmes aux chiennes, bien que je n'aie pas eu l'occasion d'en consommer à ce jour.
Encore un fait saillant : je ne réponds pas quand on me siffle. Mon hérédité anglaise, sans doute. Au restaurant, j'abomine « la gamelle à Médor » sous la table. Généralement, je prends mon repas assis sur une chaise, en face ds San-A.
J'ai encore beaucoup, beaucoup d'autres choses pas tristes à révéler ; mais je ne vais pas résumer au dos d'une couverture ce que mon connard de maître à raconté en trois cents pages !
Il aurait l'air de quoi ?
Quand on prétend être un grand pêcheur, l'as de la ligne toutes catégories, il ne faut pas dévoiler ses secrets… surtout quand ils sont aussi curieux que ceux du valeureux Bérurier. Devinez avec quoi il appâte, le Gros ? Avec certaines parties des bovins qui constituent toute la différence entre un taureau et un bœuf, si vous voyez ce que je veux dire ?
Et c'est à cause de cette bizarre technique que tout a commencé. Nous étions penchés sur un immense bac d'abats, aux Halles, à la recherche du morceau convoité, quand le père Pinaud qui nous avait accompagnés pousse un léger cri et s'évanouit. Un coup d'œil dans le bac m'avait renseigné…
Ce n'était vraiment pas beau à voir, et ça n'avait jamais appartenu à un Quadrupède !
J'ai longtemps hésité avant de publier ce document unique, fuligineux et élégiaque qu'est la vie privée de Walter Klozett.
D'abord parce que la caractéristique essentielle d'une vie privée, c'est d'être privée, justement.
Ensuite, parce que cette vie privée-là ne m'appartenant pas, quoi qu'on ait tenté de faire à ce sujet, j'avais des scrupules furonculeux à la rendre publique.
Mais une existence pareille fait partie du patrimoine humain. La cacher équivaudrait à mutiler une société qui a grand besoin de toutes ses ressources pour ne pas trop ressembler à un mur de chiottes.
Et puis, quoi : il faut bien vivre !
Qu'est-ce que tu dis ?
Ah, bon ! Je croyais…
Le maquillage de la mémère se craquelle comme une terre trop cuite.
Elle a trois tours de perlouzes sur le goitre, deux suspensions avec éclairage indirect aux étiquettes et une dizaine de bagues qui la font scintiller comme l'autoroute de l'Ouest au soir d'un lundi de Pâques.
Figurez-vous que ce monticule aurifié et horrifiant s'envoie un jules de vingt… carats !
Seulement, ce petit téméraire vient de se faire allonger…, du moins tout le donne à penser…
« Fouette dents de scie », comme dit Bérurier, cet angliciste distingué !
J'interviens après le troisième meurtre, mais la série continue.
Je lâche tout pour m'occuper de la petite histoire au président, seulement, on me bute ces deux souris en pleine partouze.
Quand je pose la question de confiance à l'ignoble Miss Gleendon, un mec lui flanque le coup de griffe du siècle.
Voilà le topo.
Si tu as tout compris, inutile d'acheter ce book.
Mais si des zones obscures subsistent, paye-le-toi-le.
Tu vas pas mourir con toute ta vie.
Avez-vous vu un morse jouer du saxophone ? Non ? Moi non plus, à vrai dire, mais je ne désespère pas.
En revanche, je vous jure, mes amis, que j’ai déjà entendu un saxophone jouer du morse. Dans un cabaret ! Au début, je n’y prêtais pas attention, vu que tout mon intérêt était porté sur la ravissante créature assise à mon côté. Moi, vous me connaissez… très enclin à la bagatelle, mais jamais dépourvu du sens du devoir. Si vous pouviez savoir ce qu’il racontait ce saxo, sous ses airs langoureux, vous m’excuseriez d’avoir laissé tomber la fille !
Mais vous n’allez pas tarder à le savoir, fidèles comme je vous connais.
1904 : entente cordiale avec l'Angleterre
1914 : début de la guerre de 14
1918 : fin de la guerre 14-18
1936 : avènement du Front populaire
1939 : guerre au Reich allemand
1945 : fin de la guerre contre le Reich allemand
1958 : le général de Gaulle se rappelle au pouvoir
1962 : fin du conflit algérien
1968 : crise universitaire et sociale en France
1982 : San-Antonio publie « L'ANNEE DE LA MOULE »
Ne le cherchez pas trop sur la carte, encore que sur l’océan Pacifique vous avez quelques chances. Mais pacifiques, les Malotrus ? Parlons-en, hein ! Surtout lorsque Béru vient semer la panique et fomenter des révolutions dans un pays vraiment pas comme les autres. Heureusement qu’il a un gros ticket avec la Reine, ce qui doit lui porter bonheur, car il a rudement besoin de veine.
Et moi, donc !
Deux condamnations à mort dans la même journée pour chacun de nous, ça commence à bien faire.
On ne sait plus où donner de la tête…
« Je suis mademoiselle Sans-Nom ! Venant de Nulle-Part. Née il y a trois semaines sur l'autoroute de Barcelone… »
On aurait dit que la jeune fille blonde s'était jetée sous les roues de la voiture du jeune artiste peintre en vacances dans ce joli port catalan. Qui est cette douce inconnue ? D'où vient-elle ?
« Maintenant je savais. La vérité dépassait en tristesse tout ce qu'on pouvait imaginer. C'était l'histoire la plus navrante, la plus sinistre que j'avais jamais entendue. »
Un Frédéric Dard impitoyable conduit cette tragédie policière où l'enquêteur, partagé entre l'amour et la terreur, hésite à résoudre l'énigme d'une existence qui ressemble à un martyr et à un cauchemar.
Attention !
Ceci est un événement !
Le San-Antonio le plus copieux depuis « La Comédie humaine » de Balzac !
Le vacarme que tu entends, en provenance de la rue, c'est la Metrogolvinge et la Paramoule qui se flanquent sur la gueule pour m'acquérir les droits cinégraphiques.
Quand t'auras lu l'œuvre, tu ne dormiras plus avant la prochaine conférence de presse de Canuet.
Tes cellules auront beau sucrer les fraises, jamais tu n'oublieras cette chose magistrale, voire foutrale. En achetant ce book, crois-moi, c'est pas une dépense que tu engages, mais un placement que tu fais.
Si tu laisses ça en héritage à tes chiares, tu pourras clamser la tête haute : y aura eu une trace de ton passage en ce monde.
Connaissez-vous l'Alabanie ?
C'est un coquet pays d'Europe du Sud qui a pour principales ressources l'exploitation des cactus et l'aide de la Chine populaire.
Figurez-vous qu'il se passe des choses bizarroïdes à l'ambassade alabanienne de Paris… Mais le gros Bérurier et votre San-Antonio préféré vont sérieusement s'occuper du problème, croyez-moi !
Malheureusement, le révérend Pinaud manque à l'appel et savez-vous pourquoi ? Parce que les Alabaniens lui ont fait la plus terrible, la plus perverse, la plus française des farces… LE COUP DU PÈRE FRANÇOIS !
« A ses débuts, il avait été accompagnant pubien à Lord d'un clochard de la place Maubert. »
Ainsi commence la biographie de ce minuscule et très épisodique personnage qui se nomme Arsène et qui est morpion de service dans ce livre.
Je ne pensais pas, en carambolant la jolie Marie-Maud, que ce facétieux animal allait m'emmener non pas en java mais à Java.
Qu'à cause de lui, j'allais devoir mettre en l'air une quantité de gens peu honorables au demeurant et assister au sacre tragique de Bézaphon II, le sultan de Kelbo Salo !
Comme quoi, il ne faut jamais qu'un morpion sorte de sa réserve.
Si par hasard tu en as un qui la ramène, envoie-le se gratter.
SAN-ANTONIO
Il est des gens pour lesquels donner la mort n'est rien et la recevoir pas grand-chose. A Naples, on les appelle des « Camorristes » et, comme on les craint, on les respecte. Ils ont souvent le cœur sur la main, ce qui ne les empêche pas de garder le doigt sur la gâchette !
C'est dans cet univers impitoyable de passions et de sang que va débarquer un frêle Autrichien, doué pour le meurtre et la peinture.
Il a de drôles de mœurs, un drôle de nom, et une façon terrifiante d'affronter la vie. De Vienne à Munich, de Naples à Cracovie, il va nous entraîner sur la route sanglante et désespérée qu'il s'est tracée.
Quand vous aurez lu ce livre, ayez l'obligeance de ne pas en dévoiler la fin à vos amis. Ils ne vous le pardonneraient pas.
L'ambiance de la Foire du Trône, c'est quelque chose d'inoubliable pour un môme. De temps en temps, ça ne fait pas de mal d'aller prendre un bain de jeunesse pour se laver de toute la pourriture quotidienne.
Seulement moi, je ne peux plus faire trois pas sans rencontrer des connaissances : la rançon de la gloire, quoi !
Bien sûr, mon métier m'a amené dans tous les milieux, et je compte des amis dans les sphères les plus hautes.
Pourtant, ce jour-là, je n'ai pas eu affaire au gratin. Et cette furieuse bagarre parmi les joyeux fêtards m'a valu de retrouver ce vieux Carmona !
Et de me plonger dans une des aventures les plus ahurissantes…
Tu prends : un vieux duc cacochyme, une grosse virago hystérique, un couple espagnol aimant les films porno, deux homosexuels amoureux, une oie blanche, deux gangsters (dont l'un est américain), quelques malfrats, pétasses et amaqueurs en tout genre.
Tu introduis San-Antonio et M. Blanc parmi ce beau monde pour qu'ils y foutent la vérole.
T'attends que les armes se taisent. Tu comptes les cadavres. T'éponges le raisiné.
Tu te marres un bon coup. Puis tu ranges ce book dans ta bibliothèque, sur le rayon réservé à tes préférés. T'as tout compris ?
Bon, alors c'est que tu es en progrès.
Une histoire hallucinante qui vous fera douter de vos sens, peut-être même de votre raison.
Et pourtant…
Lorsqu'un producteur a en tête la réalisation d'un film que l'usage a affublé du nom bien français de « suspense » il appelle FREDERIC DARD
— Avez-vous une bonne histoire ? Racontez-la-moi.
DARD déteste raconter ses histoires. Il préfère écrire un roman. Le roman est déjà un scénario DARD voit, pense, écrit « cinéma ».
Suspense, vertige, angoisse, psychose, voilà les mots qui s'attachent à son œuvre.
Le cinéma français demande ses « brutes » à cet homme jeune, fin et bienveillant, ses tueurs à cet homme doux et pacifique et chez lui, auprès d'un feu de bois clair et sympathique, nous parlons bruits de pas, nuits sans lune, cris dans l'ombre et impitoyables destins.
Alain POIRÉ
Tu y crois, à la sorcellerie, toi ? Par exemple je t'affirmerais qu'une horde de loups hurlent dans la banlieue parisienne les nuits de pleine lune, tu penserais que je suis givré, non ? Que j'ai la dure-mère trop fibreuse ? Et pourtant je sais un gonzier qui s'est fait claper tout cru dans son plumard, une noye de pleine moon. P't'être que la lune était aussi bourrée que lui, pour la circonstance ? En tout cas, t'aurais même pas pu faire des hamburgers avec ce qui restait de lui !
Moi dans cette histoire de cornediable, j'ai bien failli y laisser mes os, ainsi que la bidoche qui est autour. Tu sais notre vie est fragile, quand on y pense.
Quatre jours après cette partie de chasse mémorable qui se solda par une hécatombe, le Vieux me fait appeler dans son burlingue secret. La pièce est triste comme un vieux numéro de la « Revue boursière », et le maître des Services paraît aussi joyeux qu'une catastrophe minière. Il est droit devant son bureau d'acajou lorsque j'entre. Ses poings sont posés à chaque extrémité de son sous-main et son front relié pleine peau de fesse brille à la lumière de son réflecteur.
— « San-Antonio, vous ne devinerez jamais la raison pour laquelle je vous ai mandé… »
A TOUS MES LECTEURS !
Qu'ils soient mâles, femelles ou hermaphrodites.
Ce livre est incontournable si vous souhaitez rester dans la grande famille san-antoniaise. Il marque un virage important dans ma carrière.
Si vous avez des amis en voyage aux antipodes (voire même aux propodes), achetez-le-leur, car ils risqueraient de ne plus le trouver à leur retour ; et ce serait affreux pour eux.
S'ils ne vous le remboursaient pas, Dieu vous le rendrait.
Ils voulaient pas que je sorte ce livre.
Ils m'ont dit : « Non ! T'as pas le droit, des choses pareilles, de les mettre sur le marché ! »
« Elles sont épouvantablement affreuses », ils m'ont dit !
« Elles vont leur chanstiquer la pensarde, comme à toi dans le bouquin ! »
« Des lecteurs aussi fidèles, Ça se ménage, ils ont ajouté. Ils ont droit que tu fasses gaffe à leur mental. »
« Rends-les pas fous, Sana ! Ce serait trop injustement injuste ! En tout, y a des limites à pas enfreindre ! »
Ils m'ont dit bien d'autres trucs encore.
M'ont balancé des menaces odieuses, même, je certifie.
Z'ont même demandé au président de la République d'interviendre. Et il l'a fait !
J'ai la lettre, te la montrerai !
Mais moi, plus on veut me dissuader, plus j'obstine. C'est dans mon caractère !
Alors, voilà ce bouquin, intact ! J'y ai pas déplacé une virgule, pas une faute de français !
Un petit conseil ultime : si tu portes un râtelier, ôte-le avant de le lire, car il est désagréable de bouquiner en produisant un bruit de castagnettes !
« Il ne connaissait pas la musique. Par ailleurs, comme il n'était ni trompettiste dans un jazz nègre, ni pédéraste, ni vedette de music-hall, ni américain, il ne pouvait espérer se lancer dans la littérature avec quelque chance de réussite. »
F. Dard
Dans un petit pavillon confortable de la banlieue parisienne, Jango, personnage débonnaire entouré de sa mère et de son fils Zizi, un gamin farceur, mène une vie bien pépère. Il possède un poisson rouge dans un bocal, un lapin apprivoisé. Il jouit de l'estime de son voisinage, la boulangère lui fait les yeux doux. Tout est banal et tranquille. À un détail près : Jango est tueur à gages… Il s'est constitué une bonne clientèle ; et avec une seringue, une piqûre, hop ! Il fait ensuite disparaitre les cadavres dans une cuve d'acide. Aucune trace, les clients sont contents. Mais un événement insolite vient bouleverser cette belle organisation : l'utilisation d'une rosette de la Légion d'honneur prélevée sur le veston de la dernière victime, un colonel…
Ce roman, dédié à Raymond Rouleau qui avais mis en scène la pièce adaptée par Frédéric Dard du roman de Georges Simenon La Neige était sale, fut écrit aux Mureaux, dans la banlieue parisienne en 1951 et fut édité chez un obscur éditeur, S.E.P. Il ne fut ni diffusé ni distribué. Peu d'exemplaires ont circulé. Il parut ensuite en feuilleton dans une revue humoristique. Néanmoins, le public fut toujours privé de cette œuvre attachante qui, au-delà de ta trame, ajoutée aux personnages totalement extravagants, annonce le délire burlesque des futurs San-Antonio.
Pour Lino, c'était la seule façon de récupérer le magot après la trahison de cette vermine de Maurice. Prendre en otage la mère et les deux sœurs du traître et se cloîtrer avec elles dans cette vieille maison campagnarde. Un combat pathétique et bouffon s'engage alors entre le criminel endurci et les trois provinciales terrorisées.
Dans ce huis clos irrespirable, au cours de scènes lourdes d'angoisse, d'érotisme et de cruauté, l'improbable se produit. Le geôlier, imperceptiblement, semble s'humaniser… « Vous êtes un malheureux, Lino, un infirme moral… En assassinant les autres, c'est vous que vous tuez. Les autres ne font que mourir… vous, vous agonisez. »
« Une lettre et un chiffre rédigés hâtivement sur un petit bout de papier :
K 2. Ça pouvait vouloir dire beaucoup de choses… Ça pouvait ne rien signifier du tout… Mais moi je ne crois pas qu'on puisse écrire deux signes, comme ça, sans que quelque chose ne se trame quelque part.
K 2 ?
Une marque de détachant ? Il manque le R. Un morceau de jeu de bataille navale ? Pas sérieux… Le nom du deuxième sommet du monde, le Kapa Due ? Pourquoi pas…
K 2 ?
Ça ne vous dit rien, à vous ?
Moi si… aujourd'hui…
Aujourd'hui… que j'ai rassemblé tous les éléments du puzzle. »
« Si un jour on te demande quel est le plus gaulois des San-Antonio, le plus vert, le plus salingue, le plus rabelaisien, le plus scatologique, le plus grivois, le plus too much, réponds sans hésiter que c'est Les cochons sont lâchés. Peut-être parce que c'est le seul ou San-Antonio ne joue aucun rôle, sinon celui du romancier ? Dans ces pages paillardes, Béru et Pinuche sont lancés seuls à l'aventure, afin de dénouer une ahurissante affaire. Mais le pénis « hors paire » de Bérurier sera leur braguette de sourcier.
Grâce à cet appendice exceptionnel, ils franchiront tous les obstacles !
Comment ?
Lis et tais-toi !
L'heure est grave ; l'heure est folle : les cochons sont lâchés ! Retiens ton souffle, ma jolie. Et surtout ne déboucle pas ta ceinture si tu ne veux pas qu'il t'arrive un turbin ! »
« La plupart des hommes fabriquent des vivants, moi je fabrique des morts.
Ça va plus vite, et ça impressionne davantage. »
Âmes sensibles, s’abstenir.
L’Ange Noir est tout sauf un marrant. L’Ange Noir est l’ennemi public n° 1. Flics, femmes, cadors du crime : personne ne lui résiste. Et surtout pas la mort. Vivre sans temps mort et jouir sans entraves, telle pourrait être sa devise.
Même quand il s’agit de raconter son épopée, il n’y a pas un chroniqueur qui tienne la distance. Alors il va s’en charger seul. Cet Al Capone moderne n’a décidément pas l’esprit d’équipe. Sans honte, sans peur, et surtout sans filtre, l’Ange Noir prend la parole et déroule le fil de son épopée sanglante.
Premier meurtre à déclarer ? Sa mère — un accident de naissance. Après elle, personne n’y échappe, de Londres à Paris, en passant par Mexico. L’Ange Noir a la gâchette facile, le « beau sexe » pour obsession, et un sale penchant pour l’alcool.
Les originaux de ces confessions publiées en 1952 sous le pseudonyme de l’Ange Noir, réunis ici en un volume, préfigurent, par bien des aspects, l’avènement du légendaire San-Antonio.
Préface d'Alexandre Clément
Les deux oreilles et la queue, tu le sais, représentent la suprême récompense qu'un jury de corrida accorde à un toréador qui a magistralement scrafé son bestiau.
Dans notre affaire, j'ai obtenu les deux oreilles et la queue. Et tu sais qui me les a accordées ? Monsieur le président de la République royale française !
Juré craché !
Si tu ne me crois pas, t'as qu'à lire… Les deux oreilles et la queue, moi, tu te rends compte ?
Plus quelques jolis culs qui passaient par là, naturellement.
Il se soulève, prend sa chaise et me l'abat sur le crâne. Aussi fastoche que je viens de vous le dire. Mon bras paralysé par le coup de poêle à frire n'a pas eu la force de se lever pour braquer le soufflant. Je biche le siège en pleine bouille et illico je me trouve inscrit au barreau. Ça se met à toumiquer autour de moi. J'essaie de me cramponner à la table, mais des nèfles ! Je vais à dame. Le couple de petits rentiers tranquilles me saute alors dessus et fait une danse incantatoire sur ma personne.
Le plus terrifiant bras de fer de ma carrière me met aux prises avec un tyran fou.
Il pleut des morts !
Partout le danger !
D'accord, je baise énormément pour pouvoir conserver le moral, n'empêche que je traverse une zone à hauts risques davantage semée d'embûches que la place de la Concorde.
Là où je vais, si tu veux revoir Paris, faut ouvrir l'œil et serrer les miches.
Seulement moi, tu me connais ?
C'est les poings que je serre et la porte de devant de mon bénard que j'ouvre.
En grand !
C'est bon pour la ventilation de mes aumônières.
Des années que j'avais pas revu ce crevard d'Ambroise. Un flic qui avait mis un pied dans le Milieu et l'autre dans la gadoue.
A l'époque, Béru, son beauf par mésalliance, lui avait flanqué la rouste du siècle.
Et puis, voilà que ce tordu réapparaît, toujours en pleine béchamel, avec un cadavre sur le toit de sa bicoque.
On essaie de lui sauver la mise, Berthe et moi, mais quand t'as pas le fion bordé de nouilles, t'as intérêt à te retirer dans une lamasserie du Tibet.
Moi je dis : y a des mecs, leur papa aurait mieux fait d'éternuer dans son mouchoir !
Avant la Grande Guerre, dans la paisible ville de Bourg-en-Bresse, le docteur Worms jouit auprès de sa clientèle de la meilleure réputation. Entre son épouse Blanche, avec laquelle il s’est laissé marier, et son fils François, il mène une vie calme et sentimentalement déserte.
Jusqu’au jour où survient Claire, escortée de son amant Ange Soleil, faux poète et musicien sans talent, qui vit paresseusement. Worms épouse Claire après le décès dramatique de Blanche, et il subvient à son tour à l’entretien d’Ange Soleil. Mais, dans cette petite ville, les gens commencent à jaser.
Peu à peu, s’instaure entre eux une amitié bizarre, voire infernale…
Dans ce roman, Frédéric Dard nous montre comment une passion soudaine, tardive et destructrice, peut amener un homme à renier toutes les valeurs sur lesquelles il avait édifié sa vie et ses rapports avec les autres.
L’édition originale de ce livre vendu à 65 Frs est constituée de 150 exemplaires sur Velin à la forme de Vidalon numérotés de 1 à 150.
Tu sais qu'il se passe des drôles de choses en Suède ?
Viens-y avec moi, tu verras !
Tu verras ce que t'as encore jamais vu.
Tu verras : des merderies modèles, des partouzes géantes, des mariages d'hommes, que sais-je ?…
Tu crois que c'est à cause du froid que les frangines de là-bas ont le réchaud incandescent, toi ?
Et ce serait les brunes nordiques qui refileraient à Béru ce don de double vue ?
Je le savais déjà voyeur, le Gros.
Pas mal voyou, aussi, dans son genre.
Mais voyant, alors ça, je te jure !
Viens te rendre compte comme les petites Suédoises s'enflamment facilement.
Suffit de savoir les frotter !
Viens, je te dis !
Entre son travail à l'usine et sa banlieue morne, Louise n'en peut plus de l'ennui abyssal de sa vie. La jeune fille s'égare un jour dans le centre-ville, et la voilà qui tombe en pâmoison devant la maison des Rooland ! Qu'est-ce qui la séduit le plus ? Le charme discret de cette demeure bourgeoise ? Sa fascination pour les deux Américains qui y résident ? L'alcoolisme mondain de Madame ? Le physique irrésistible de Monsieur ? Comme elle réussit à se faire embaucher comme bonne, on peut parier qu'elle le saura bien vite…
Guidée par une intelligence animale et une libido devastatrice, Louise a-t-elle vraiment le choix ? Elle déploie son emprise sur le couple, inexorablement… Pour le meilleur et pour le pire.
(Pétition d'un voleur de Sa Majesté, attribuée à Lacenaire.)
Il est des gens à qui la vie réserve bien des surprises. Tenez, Édouard Blanvin, dit Doudou… Trente-deux ans, beau gosse ; passionné par les bagnoles. Et pas n'importe lesquelles s'iouplaît ! Des tractions avant qu'il bichonne amoureusement comme les petites nénettes qui « raffolent de sa gueule d'amour de gentil voyou ». Uniour, sa chère môman lui révèle qu'il est le fils du défunt prince de Montégrin. Doudou serait donc Edouard Ier. De la banlieue grise au château d'opérette, il n'y a qu'un pas. Doudou le franchit allégrement. La grande vie commence. Les surprises et les ennuis !
Un patron de bistrot portant, dans son arrière-salle, une épée à la taille, surtout au XXème siècle, c'est assez extraordinaire. Mais franchement où ça se corse (chef-lieu Bastia — histoire de fomenter une petite guerre civile), où ça se corse, disais-je, c'est quand l'épée n'est pas à la taille du type, mais à travers la taille…
Je tiens aussi à vous préciser que cette découverte n'est pas faite pour me réjouir, vu que l'épinglé était mon seul contact dans ce foutu bled… Pour lui, le contact a été plutôt rude, et pour moi, il risque de l'être aussi, je le crains, car j'entends déjà mugir, au loin, une sirène de police…
Paris ne s'est pas fait en un jour, et la France ne s'est pas faite toute seule ! Les plaques de nos rues et les socles de nos statues portent les noms des responsables : ça va de la rue Vercingétorix à la rue Charles de Gaulle.
Et pourtant le nom le plus important est absent de nos places, de nos avenues, de nos boulevards et même de nos impasses : celui de Bérurier. Or, ce sont les Bérurier qui ont vraiment fait la France. Avec leurs mains, leur sang et leur sueur.
Avec leur esprit aussi.
Soucieux de réparer cette criante injustice, j'ai essayé de reconstituer leur trajectoire dans le temps.
Comme le langage, l'Histoire se doit de rester vivante ; c'est pourquoi je me suis attaché à en secouer la poussière, à en « plumeauter » les toiles d'araignée, à en dédorer les tranches, les couronnes et les auréoles et à la saupoudrer d'éclats de rire.
Un petit travail de réfection, quoi !
Il m'a permis de constater qu'on nous avait doré l'Histoire de France avec cette même poudre aux yeux qui sert aussi à nous dorer la pilule !
SAN-ANTONIO
J'aime mieux prévenir.
Celui qui entreprend la lecture de « Ma cavale au Canada » doit avoir le cœur et les roustons bien accrochés, car il y a davantage d'épisodes dramatiques dans cette œuvre magistrale qu'il n'y en a eu pendant toute la dernière guerre et plus de scènes de baise que n'en comptent les règnes d'Henri VIII et d'Elisabeth II réunis.
Prière d'éteindre sa cigarette avant de pénétrer dans ces pages. A l'intérieur, y a déjà plein de gonzesses qui ont le feu aux miches : inutile d'aggraver les risques.
Vive le Québec Livres !
Pour tout vous dire, je rêvais depuis longtemps d'aller en Iran… Mais pas dans ces conditions !
Au XXe siècle, être obligé de se battre au sabre, c'est surprenant, non ? Mais, croyez-moi, votre San-Antonio se révèle vite un as de cette discipline et les sbires qui se sont frottés à lui, s'ils n'étaient pas déjà des eunuques, ne sont pas près de mettre Casanova en péril.
Quant à Bérurier au pays des mille et une nuits (des mille et un z'ennuis, plutôt), c'est pas racontable en page 4 de couverture.
Sachez qu'il y a plusieurs façons de donner sa langue au chat… La donner au Chah n'est pas la plus facile, vous allez voir !
C'est beau, un bordel.
C'est confortable.
On y passe généralement de bons moments.
Sauf quand il y vient des gens bizarres.
Alors il arrive que les choses se gâtent et qu'on se mette à y mourir à qui mieux mieux.
Un conseil : ne jamais ouvrir la fenêtre donnant sur la rue, sinon t'es obligé d'appeler les pompiers. Et les pompiers dans un bordel, quoi que tu en penses, ça la fout mal !
On t'a déjà mené en bateau, non ?
Donc tu as le pied marin, si tu n'as pas l'air malin.
Alors, mets ton béret à pompon et embarque, matelot !
Grimpe avec Béru et moi sur le Thermos pour une croisière very délectable.
Tu trouveras à bord des sirènes très sublimes, avec une proue qui n'a pas besoin de soutiens-loloches et une poupe que tu peux déguster à la cuiller.
Y a du champagne, du punch, de la vodka et du caviar…
Et des bombes en guise de dessert.
Très glacées, tu verras.
Avec elles, t'es sûr de faire un boum…
C'est les requins qui vont être contents !
Et si tu as envie de la quille, ben, sers-toi.
Avant qu'elle coule.
Avec ce livre, Frédéric Dard va plus loin dans le chemin tortueux des âmes. Tout en nous captivant par une action aux incessants rebondissements, nous sentons qu’il nous conduit infailliblement là où il veut, c’est-à-dire à une plus large compréhension de l’humanité.
MAUSOLÉE POUR UNE GARCE dresse un personnage de femme extraordinaire, vénéneux, fascinant, superbe.
Un livre que vous lirez rapidement, peut-être ? Mais que vous mettrez beaucoup de temps à oublier !
Il y a une multitude de choses dont j'ai horreur. Les jeunes filles de plus de quatre-vingt-dix-sept ans, tout d'abord. Le poisson mal cuit, aussi. Puis les liaisons mal-t-à-propos ; les ouatères de wagons de seconde classe ; les bitures de Bérurier et les imparfaits du subjonctif de Pinaud. Mais s'il y a une chose qui m'énerve par-dessus tout, qui me file au bord du delirium très mince, c'est qu'on s'asseye sur mon chapeau… Surtout au cinéma… Surtout quand on l'a fait exprès… Surtout quand c'est le dargeot d'un truand qui est l'outrageur… Surtout quand tout ça cache le commencement d'une aventure insensée !
La vérité ?
Rarement je suis passé aussi près de la grande faucheuse que dans ce book.
Un tout petit peu plus, c'était : « bon suaire, m'sieurs-dames » sur l'air des lampions.
Et tout ça, tu veux que je te dise ?
A cause d'une gentille opticienne qui n'avait pas mis de culotte pour faire sa vitrine.
Nous autres tringleurs, on est peu de chose, tu sais !
Pendant que j'y pense : n'en parle pas à maman, elle se ferait du mouron. Tu connais Félicie !…
Savez-vous que la pègre vient de s'enrichir d'une nouvelle recrue ?
Et pas une demi-portion, croyez-moi !
Du vrai casseur…
Du qui file la rouste aux caïds de Pigalle…
Du qui se permet de descendre un flic en plein commissariat.
Son nom ?
Pour Messieurs les hommes, il s'appelle Bemard Tonacci…
Ça ne vous dit rien ?
Alors, je vais vous en balancer davantage :
A la P.J., ce zigoto est plus connu sous le nom de commissaire San-Antonio.
Pas de panique… Rassurez-vous, je n'ai pas changé de bord… mais il faut admettre que tout pourrait le laisser croire au début de ce chef-d'œuvre.
Quand une polka te demande de mettre ton doigt où elle a son doigt, vas-y, mon Nestor, car il vaut toujours mieux reconnaître le parcours avant la course.
Mais quand c'est un ancien pote de la communale qui te balance cette vanne, alors prends tes cliques sous un bras, tes claques sous l'autre, et taille-toi sans en écouter davantage.
Tu vois, le tartant, dans notre job, c'est de le prendre au sérieux.
De vouloir faire comme si on avait de l'honneur. A force de jouer à ce jeu de c… tu finis par en contracter, de l'honneur.
Et alors là… Alors, là, fiston, t'es promis à toutes les rémoulades !
Les cimetières sont bourrés de mecs qui en avaient trop.
Et cependant, le Vieux m'avait bel et bien ordonné de tout laisser tomber.
L'ennui, c'est que je me suis dit : « Laisser tomber quoi ? »
Tu comprends ?
Non !
Ben alors, lis !
Franchement, M. Konopoulos ne me demandait rien.
D'ailleurs, je n'étais pas venu à Genève pour ça.
La sublime nana qui m'attendait à l'aéroport avait une autre chatte à fouetter.
Mais il a fallu que ce pauvre manutentionnaire soit mordu par un méchant serpent et que son aimable cadavre déboule en même temps que nos valises…
C'est idiot pour Marie-Marie qui, consécutivement, a dû faire une croisière en ambulance !
Mais alors, si tu avais vu nos frimes quand on a déballé l'abominable costume !
Enfin, tu m'as compris ?
Si tu as tout pigé, pas la peine d'acheter ce livre. Mais s'il te reste des zones obscures dans la comprenette, n'hésite pas. Quand tu en auras terminé la lecture, j'aime autant te prévenir : tu devras changer de calbar.
L'histoire qui est racontée ici est rigoureusement vraie. Je n'y ai pas changé une virgule.
J'ai seulement modifié les événements, déformé les faits, interverti les situations, débaptisé les personnages et déplacé l'action.
J'ai également pris des libertés avec le lecteur, le vocabulaire de l'affabulation.
Oui, j'ai fait tout cela.
Mais, parole d'homme, je n'ai pas changé une virgule à l'histoire.
J'aurais peut-être dû… Ça aurait évité à Béru et au beau San-Antonio de se trouver dans la situation la plus effarante de leur brillante carrière. Et comme dit ce grand intellectuel de Bérurier : MÉNAGE TES MENINGES, gars, et prépare tes mécaniques.
Des nuits comme celle-là, je vous jure…
Y a qu'à Paname qu'on en rencontre !
Et encore, faut attendre minuit.
Pourtant, ça démarrait plutôt pas mal. Moi, vous me connaissez ?
Je me voyais déjà plonger dans les transports en commun en compagnie de la môme Rebecca…
Je lui mijotais un programme de gala, avec une cargaison de frissons tous plus voluptueux les uns que les autres.
Remarquez, des frissons y en a eu au cours de cette sacrée nuit !
Et pas qu'un peu !
Seulement, ça n'était pas ceux que j'escomptais.
Lorsqu'il s'est mis à pleuvoir de la viande froide, j'ai drôlement regretté d'être sorti sans pébroque.
Heureusement que Berthe Bérurier m'accompagnait.
Parce qu'avec une Jeanne d'Arc de deux tonnes, vous me direz ce que je voudrai, mais on se sent moins seul !
Mon culte, il existe, non ?
Et parce qu'il existe, une bande de CONservateurs en prennent ombrage, le foutent sur la commode, mais qui est-ce qui va l'avoir dans le culte ?
Devine.
Moi, tu me connais ?
Une âme de fer dans un corps sain ; une main de velours dans un corsage.
Tout dans la tête pour garder les mains libres.
Principal défaut ? Raffole des gonzesses sans distinction d'âge ni de confession.
Principale qualité ? Les fait reluire.
Signe distinctif ? A horreur des cons.
Mais tu peux rester.
Et prendre connaissance de ce plaisant ouvrage.
Tu y trouveras : la moutarde de la polissonnerie, l'œuf de l'action et l'huile de la volupté.
Si tu remues bien le tout, tu obtiendras une succulente mayonnaise.
Elle donnera un peu de goût à ta vie insipide.
Allez, viens !
Ils sont tous là : San-Antonio, Marie-Marie et leur petite Antoinette, Sa Majesté Napoléon IV, alias Béru, et son Impératrice, la grosse Berthe, Pinaud, le vieux Lion de l’Atlas, Jérémie Blanc, aux prises avec Monosperme, le dévoyé de la famille, Mathias, le magicien du labo, M. Félix, la plus grosse queue de France et des départements d’outre-mer, Félicie et sa blanquette de veau.
Et aussi : des trafiquants de came, des tueurs à gages, des tueurs sans gages, des oies blanches bonnes à plumer, des journalistes pourris, des princes criminels, sans omettre Salami, le chien surdoué.
San-Antonio vous les offre pour l’An 2000, dans un ouvrage au rythme frénétique où vous trouverez le rire, la gaudriole, le délire à vous en faire éclater la rate et les testicules !
L'homme cagoulé est en train d'affûter la lame courbe d'un cimeterre. Le cimeterre marin dont causait Valéry. Ce cimeterre-là va m'expédier au cimetière sur une vraie meule. Une meule électrique, siouplaît, ce qui m'inciterait à penser que nous sommes dans un atelier.
La nouvelle est tombée, sèche comme un coup de bite d'octogénaire : il n'existe, dans notre bon vieux système solaire, aucune planète habitée en dehors de la notre !
Je le pressentais, mais ça fait tout de même un choc. Nous sommes juste quelques milliards de glandus à nous branler les cloches sur une boule minuscule perdue dans l'immensité sidérale. Ça te remonte pas les testicules à la place des amygdales, toi ?
Les gens existent et sont cruels ! Comment se peut-ce ?
Je te prends les personnages de ce livre…
Des démons vivants ! Des sadiques ! Des sangunaires !
A sulfater tout crus !
A empiler dans une fosse emplie de chaux vive !
Les frangines pire que les matous !
Te sucent le pénis, mais te bouffent les roustons à pleines chailles ! Se laissent baiser pour mieux te véroler l'existence !
Comparé à elles, le démon est un enfant de chœur qui gagne à être connu.
J'exagère ?
Viens faire un tour dans ce book, tu comprendras !
Allez, ciao ! C'est l'heure de la prière.
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Messieurs les Membres du Gouvernement,
Messieurs les Députés,
Messieurs les Sénateurs,
Messieurs les Membres du Conseil constitutionnel,
Mesdames, Messieurs et Divers,
permettez-moi, en ma qualité de citoyen français nanti d'une carte d'électeur en état de marche et d'ex-abonné d'honneur au Gaz de France, de vous poser respectueusement les questions ci-dessous :
Avez-vous déjà vu mon Bérurier, que dis-je ! votre Bérurier, se muer tour à tour en rabbin, en pilote de ligne et en saint Jean-Baptiste ?
Avez-vous déjà lu la correspondance qu'il adresse à notre Sainte Paire le pape ?
M'avez-vous vu sauver de la fange, de la mort et du déshonneur l'un des Français les plus prestigieux de notre hexagonerie ?
Non, n'est-ce pas ?
C'est bien ce que je pensais.
Alors, qu'attendez-vous pour lire ce livre ? Hmmm ?
Ah ! si M. Prince n'avait pas fauché le truc magique du tueur pendant que M. Adolphe s'envoyait Mme Eva, rien de tout cela ne serait arrivé.
T'aurais pas eu droit aux coliques incoercibles de Pinuche, ni au coït flamboyant de Béru, non plus qu'à l'hécatombe ci-jointe.
Et à moi, ça m'aurait évité 250 pages de déconnage.
Mais t'es pas forcé de les lire.
— Eh bien ! Eh bien, Béru, t'as des vapeurs ?
— M'en parle pas, balbutie-t-il, je suis un mec terminé !
— On en reparlera quand tu seras dans ton costar en planches, dis-moi un peu ce qui ne carbure pas ?
— Ma femme a disparu, lâche le Gros.
Et de ponctuer cette révélation par un bannissement qui fêlerait une plaque de blindage.
Je vais te dire une bonne chose : les gens qui ont un don, faut s'en gaffer pire que du fisc.
C'est bien joli, un don, mais ça peut avoir des conséquences.
Moi, le don de Bruno, merci bien !
J'ai failli y laisser mes os.
En tout cas, j'en sais des moins vergeots qui en sont clamsés sans avoir vu Venise.
Heureusement que les corbillards ne sont pas en grève, parce que alors, on allait se ruiner en déodorants.
La chasse aux criminels de guerre nazis n'est plus ce qu'elle a été car le gibier est en voie d'extinction, décimé qu'il est par cette épidémie qui s'appelle le temps.
Mais enfin, il en reste encore quelques-uns à travers le monde, ce livre t'en administre la preuve.
Quelle équipée !
Quel écœurement aussi !
Là, tu peux croire que j'en ai pris plein les moustaches.
Pourtant, le président s'est montré très coopératif.
Hélas, ça ne fait pas tout.
Cézigue, il bénit l'émeute, mais il ne court pas après le renard.
Rappelle-toi que dans cette affaire j'ai drôlement mouillé mon maillot.
Tu parles d'une escalade !
Je pédalais que d'une !
Tout en danseuse, mon pote !
Et avec pleins feux sur le tutu !
Elle était chinoise et s'appelait Li Pût, ce qui dans l'argot pékinois signifie Poison d'Avril. Ses parents l'avaient ainsi baptisée parce qu'elle était née au mois de janvier et que donc, Dû Cû, le papa de Li Pût, avait fécondé sa mère en avril et par inadvertance, un soir qu'il s'était pété à l'alcool de riz à 90°. Le père de Li Pût, Dû Cû, était docker à Pékin. Comment ? Qu'est-ce que tu dis ? Ah ! Y a pas la mer à Pékin ? Bon, alors il était tresseur de nattes ; ça te va ?
Quand Li Pût naquit, c'était l'année de la Morue. Tout le monde te dira, depuis Saint-André-le-Gaz (38) jusqu'à Nankin, que naître sous le signe de la Morue, hein ? Tu m'as compris ! Et c'est ce qui se passa, dix-sept ans plus tard, montre en main !
On navet jamais vu ça.
Ben maint'nant on l'a.
Et croye-moi, on a eu chaud aux plumes.
L'péril jaune, merci bien : j'sais à présent d'quoi t'il retoume !
Quant aux p'tites gonzesses de Bangkroche, tu r'passeras ! Pas une seule qui fusse t'à ma pointure !
C't'un monde ! Comme j'dis : « Quand on veut faire pute professionnelle, faut s'assurer au prélavable qu't'es capab' d'héberger l'aillent ; même quand y l'est monté comm' un seigneur, dont c'est mon cas ; qu'autrement sinon ça d'vient d'l'abusement d'confiance, moi j'trouve.
Enfin, viens quand même av'c nous en Taillelande ; si t'aimes pas le bouddha, on t'fera faire des massages.
Alexandre-Benoît Bérurier.
Mes petits lecteurs chéris, je crois que depuis le temps qu'on se connait on commence à bien se connaître, comme le disait si justement Vincent Toriol à la bataille de Marignan (33, Champs-Elysées, Paris).
Alors je vais vous en annoncer une qui méritera d'être prise en considération et dans le sens de la hauteur : je compte vous faire rire avec ce bouquin.
J'ai encore jamais tringlé dans la famille royale britannique, mais je suis convaincu que tu ne peux pas y trouver une princesse aussi habile tireuse, aussi survoltée du réchaud que celle de ce book !
Et pourtant, des chaudes de la craquette, y en a eu, y en a, et y en aura encore aux alentours de Buckinguam Palace ! Des terribles, malgré leurs chailles qui traînent par terre ! Des qu'ont la coquille Saint-Jacques large comme l'entrée de Westminster Abbaye, avec plein de capitaines de horse-guards batifolant du bonnet à poils entre leurs jambons ! Mais la mienne de princesse, pour ce qui est de l'entonnoir à chibres, elle est médaille d'or. Plus forcenée de l'arrière-boutique tu meurs !
Du reste, telle qu'elle est, tu meurs aussi !
Parce que cette princesse-là, elle collectionne les coups de braque, mais pas les amants ! Style Marguerite de Bourgogne en sa tour de Nesle, si tu vois le genre ?
Cela dit, faut que je t'avoue une chose : c'est pas une vraie princesse.
Et que je t'avoue encore une deuxième chose : c'est pas une vraie princesse, mais c'est une vraie salope !
Est-ce que je me fais bien comprendre ?
Voici l'histoire d'un homme, d'une femme et d'un oiseau. Cette femme, une chanteuse célèbre, va mourir des suites d'un accident d'automobile. Du même coup, son mari apprend que « le monsieur qui était avec sa femme a été tué au volant ». La jalousie, soudain, réveille l'amour endormi. Un sentiment insoutenable, un enfer d'angoisse et de torture. Il n'y a pas un instant à perdre. Quelques jours, quelques heures pour revivre une vie entière, tuer le mensonge, regagner le temps perdu. C'est alors qu'un oiseau entre dans la chambre funèbre. Une petite bête jaune, un simple oiseau. La jeune femme qui agonise semble le connaître. On dirait qu'elle lui parle, qu'il entend, qu'ils se comprennent… C'est à devenir fou.
Lisa a su mobiliser et convaincre l'avocat de son amant et ses amis dans le seul but de le faire évader de la prison de Hanovre.
Franck, condamné à perpète pour le meurtre d'un flic, sera-t-il enfin libre après cinq années de détention ?
Ses amis réussiront-ils cet exploit incroyable préparé à son insu ?
Dans sa cellule Franck se pose des questions au sujet de ces cinq années… Lisa est-elle la maîtresse de son avocat ? L'a-t-elle trahi ?
Au cours d'une course contre la montre et d'un suspense à huis clos, la jalousie armera-t-elle le bras de la justice immanente ?
Ceci est l'histoire d'un faible qui décide de combattre sa faiblesse.
Mais c'est contre les autres qu'il lutte, parce que ce sont les autres qui en portent le témoignage.
Alors, pour tenter de s'affranchir, le faible s'enfonce lentement, presque voluptueusement, dans l'horreur jusqu'à ce qu'il comprenne qu'on ne devient pas plus beau parce qu'on brise les miroirs.
Les fiers-à-bras de l'esprit vont-ils se gondoler dans cette Venise bourrée de Hollandais ?
Les amoureux de promenades nocturnes sur le Grand Canal aimeront-ils naviguer au son des mandolines et des mitraillettes ?
Les touristes avides de folklore ne seront-ils pas intimidés par un gondolier sans slip qui ressemble tellement à Béru que ce pourrait bien être lui ?
Mais assez de questions oiseuses : embarque !
De toute façon, tu te sentiras fatalement en pays de connaissance : c'est plein de pigeons place Saint-Marc.
Il avait une jambe dans le vide, l'autre sur une peau de banane et la gueule en compote.
Il me demande de prendre ce qu'il y avait dans la poche de son blouson et de le porter à sa mère.
Il venait de descendre deux flics.
Qu'aurais-tu fait à ma place ?
Moi, tu me connais ?
J'ai pris la petite boîte.
Et alors, il s'en est suivi un de ces pataquès, mon pauvre vieux !
Non, franchement, je ne veux pas avoir l'air de rouscailler, mais des coups fourrés pareils, crois-moi, on peut s'en passer.
De quoi devenir chèvre, mon pote !
Mais n'en profite pas pour jouer au bouc !
On a beau être commotionné, c'est pas le genre de la boutique !
Deux coqs vivaient en paix… Une petite bourgeoise vient troubler l'existence de François Givet, un peintre homosexuel en ménage avec Riton, garçon sympathique, qui le protège farouchement. Ce jeune prolo, mi-voyou, mi-ange gardien, feint de s'amuser de cette liaison naissante et, à ses yeux, contre nature, entre son ami et cette doctoresse trop séduisante pour être honnête. En réalité, Riton a peur et pressent un drame imminent. Une lutte sourde se déclare entre ces trois personnages. Et voilà la guerre allumée… Derrière l'intrigue criminelle, les doubles jeux et les mensonges, Frédéric Dard dévoile avec une extraordinaire acuité le drame intime d'un homme qui n'aime pas les femmes et fait preuve d'une intuition pénétrante dans un domaine qui lui est, a priori, étranger.
Bonne nouvelle : la chasse aux perdreaux vient d'ouvrir !
Oui, mais sale nouvelle pour les perdreaux !
Les flics se ramassent à la pelle dans les rues de Paname !
Il faut absolument qu'on fasse quelque chose, non ?
Alors on fait.
Béru, par exemple, se déguise en gardien de la paix. Comme il prend du service dans le quartier des putes, c'est pas triste, malgré l'hécatombe !
Franchement, si t'es contre la chicorne, la baise et la franche rigolade, vaut mieux que tu relises l'annuaire des Chemins de fer.
Ce livrel regroupe six recueils de «Réflexions» parus en 1999 aux éditions Fleuve Noir:
— Réflexions appuyées sur la connerie
— Réflexions branlantes sur la philosophie
— Réflexions croustillantes sur nos semblables
— Réflexions énamourées sur les femmes
— Réflexions pointées sur le sexe
— Réflexions définitives sur l'au-delà
« La plupart des gens ont la frime de leur turbin. Par exemple, tous les croque-morts sont de joyeux lurons, un peu pâlots et sentant le décès ; tous les bistroquets sont des gars placides et ventrus ; toutes les repasseuses des souris tristes et molles, et toutes les bonniches d’hôtel de pauvres greluses ravagées ayant la couleur des bidets qu’elles passent leur garce de vie à ramoner. »
San-Antonio
Si, en ouvrant cet ouvrage, le lecteur pense lutter contre l'insomnie, il en sera pour ses frais et n'aura qu'à s'entendre avec son pharmacien habituel pour l'échanger contre un tube de Gardénal.
Car ce livre est un ring, une arène, on s'y bat d'un bout à l'autre.
La série d'ouvrages que publiera San-Antonio appartient à la littérature d'action. Celle mise à la mode par Peter Cheney, JH Chase, James Cain, etc… Ici l'énigme le céde à la violence.
Ce livre doit se lire avec un revolver à la portée de la main.
Il est écrit dans une langue savoureuse et pleine de fantaisie faubourienne, mais nul doute que le héros de ce roman ne soit sympathique à tous.
Gouailleur, âpre, rusé, amer, tendre, violent, San Antonio écrit d'avantage avec ses poings qu'avec sa plume.
Au lieu de passer au centre des chèques postaux, aujourd'hui, j'aurais mieux fait de me consacrer à des amours ancillaires (celles que je préfère).
Au guichet, j'avise un vieux type blême et pâle des crayons qui retire de l'artiche. Où ça se complique, c'est quand je retrouve pépère, assis dans sa bagnole, bien sagement, mais un peu mort ! Alors je me mets en piste, courant de surprise en surprise au long de la rue des Macchabées.
Connaissez-vous Stinginess Castle ?
Au fin fond des Highlands, en Ecosse, ce château se dresse sur une colline dans les brumes britanniques.
Un nouveau fantôme le hante depuis quelques temps. Et un fantôme de poids ! Il a pour nom BERURIER !
Et si vous saviez ce que le Gros et votre valeureux San-Antonio magouillent dans ce château de cauchemar, vous en auriez la chair de poule. Un renseignement : si vous entendez un craquement dans la pièce d'à côté pendant que vous lisez ce chef-d'œuvre, ne cherchez pas, c'est le fantôme de quelque Mac !
C'est par un petit événement en marge de nos activités professionnelles que démarre cette fois-ci l'aventure.
Une aventure vraiment extraordinaire, vous pourrez en juger par la suite si vous avez la patience de poursuivre.
Une aventure comme, à dire vrai, il ne m'en était encore jamais arrivé.
Sans vouloir me vanter, vous savez bien que je suis suffisamment sublime pour ne pas avoir besoin de me faire mousser, je suis un skieur de first quality. Selon Béru, je possède à fond la technique du « sale-homme géant », du « Juliénas léger » et du « rapage contrôlé ».
Et c'est peut-être grâce à ces qualités que j'ai pu éviter une catastrophe nationale !
Comment ?
Entrez dans la danse et vous le saurez. Et en avant la polka de San-Antonio.
Ça commence comme ça : t'as un gars qui fait du patin à roulettes dans Paris.
Il arrive devant une terrasse de brasserie, s'arrête et flingue un consommateur.
N'après quoi, il file comme un dard.
Le consommateur avait un sac bourré d'osier à ses pieds. Mais personne ne s'en préoccupe.
Tu trouves pas ça blizzard, toi ?
Si, hein ?
Ben alors, qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Lis ce book ! A moins que tu sois maso et rêves de mourir idiot !
Je te jure que si maman me voyait, elle serait dans ses petits souliers, la chérie.
Et si elle voyait sa maison, elle voudrait déménager d'urgence. Pourtant elle l'aime, sa maison, maman.
Heureusement, maman n'est pas là.
Au fait, où est-elle ?
Hein ? Qu'est-ce que vous avez fait de maman ?
Il y aura toujours foule pour rire avec San-Antonio.
Le Nouvel Observateur
San-Antonio est entré dans le folklore français : cent petits livres on fait une grande œuvre.
L'Express
Le grand public à bon goût : il n'a pas eu besoin qu'on lui dise que San-Antonio était un grand écrivain. Il l'a découvert tout seul.
Le Journal du Dimanche
Etre compris sans donner prise : tel est le but constant de son flux verbal, qui ne ressemble qu'à lui même, et qu'il appelle trop modestement ses « conneries »
Le Monde
San-Antonio : un phénomène dans l'histoire de l'édition, un des plus grands succès du siècle.
Le Figaro
Quand le Vieux se mêle d'organiser un coup fourré, tu peux commencer à lui tresser des lauriers.
Histoire de le sacrer roi des naves…
Car on ne peut pas faire mieux dans le genre sac d'embrouilles.
Pourtant, moi, la Sicile, j'étais partant.
Tu te serais douté qu'on allait s'y chicomer avec les agents simples, doubles et triples du monde entier ?
Tu te serais douté qu'on y transformerait Béru en porc de comice agricole ?
Et que j'y prendrais des panards à grand spectacle avec ces dames de la famille MACHINCHOUETTI ?
Eh bien, c'est pourtant ce qui nous attendait là-bas !
Plus quelques avatars pas piqués des hannetons que je te laisse le soin de découvrir tout seul, comme un grand.
Une supposition que Béru soit promu commissaire et que San-Antonio redevienne simple inspecteur.
Une supposition que le Gros se serve de Marie-Marie, et la déguise en bonzesse pour étudier les agissements d'une secte bizarre.
Une supposition que Pinaud ne soit pas enrhumé, pour une fois, et qu'il identifie l'odeur de la naphtaline.
Une supposition qu'un boulevard fort cossu soit consacré à la sucette.
Et bouge pas, c'est pas fini : une supposition que t'achètes ce livre. Hein ?
Alors, là, c'est pas compliqué, tu fais comme mes z'héros : tu suces !
Moi, vous me connaissez ?
J'ai pas l'habitude de vous mener en bateau, et quand ça m'arrive, c'est moi qui rame !
Alors si je vous affirme que vous n'avez pas encore jamais lu un bouquin comme celui-ci, vous pouvez me croire !
Dans le TANGO CHINETOQUE, vous allez trouver des trucs qui vous feront dresser les poils des bras sur la tronche ! Vous y verrez comment, en Chine, on fabrique mille kilomètres d'autoroute par jour ! Comment un mouton tombe amoureux de Béru ! Comment Béru opère de l'appendicite un zig qui n'en a pas besoin ! Vous y verrez comment le Gros et moi on se paye une virouze dans le cosmos ! Parfaitement ! Et puis, l'amour à la chinoise, ça ne vous dit rien ?
Cette extraordinaire aventure se passe en Chine, mais on ne rit pas jaune pour autant. Et si le coq gaulois se fait déplumasser le dargif par moments, ça ne l'empêche pas de chanter fort !
Non, franchement, je plains Louis XVI qui est mort trop tôt pour avoir pu lire ça !
SAN-ANTONIO
Pour bien se préparer à la consommation de la tarte aux poils, il est conseillé de manger beaucoup de cœurs d'artichauts non ébarbés. Ensuite, il est bon d'embrasser le sculpteur César, Alain Bombard ou François Nourissier à pleine joue et de façon répétitive, avant de prodiguer ces baisers fougueux à un manteau d'astrakan (dans la région des boutonnières de préférence).
L'entraînement doit être intensif. Songez qu'Arthur Rubinstein s'est fait chier des années avec « La Lettre à Elise » avant d'interpréter ces noctumes de Chopin qui ont assuré sa gloire.
Lorsque vous aurez la certitude de bien maîtriser le sujet, vous pourrez vous risquer alors à pratiquer sur une dame la figure dite de « l'enveloppe cachetée ». Pour le reste, faites confiance à votre instinct et allez de l'avant !
Cela dit, il n'y a pas que des séances de tartes aux poils dans ce saisissant ouvrage.
Vous trouverez en outre : une balle fondue, huit caïmans (mais peut-être sont-ce des alligators ?), une mine désaffectée, un nègre blanc, une balle de golf particulière et plus d'une tonne de cadavres.
Quand vous aurez achevé votre lecture, faites-moi signe : on ira bouffer ensemble.
De la tarte aux poils, de préférence.
La Bulgarie est le pays du yaourt.
J'aurais donc pu intituler ce bouquin « Baise-la dans le yaourt ».
Mais je suis un auteur bien trop embouché pour débloquer au dos d'une couverture.
Heureusement qu'à l'intérieur on peut y aller carrément.
Tout se permettre, et un peu plus encore, moi, c'est justement le « un peu plus » qui m'intéresse.
Et toi aussi, pas vrai, bougre de petit dégoûtant.
Faut toujours se gaffer des pays où il ne se passe rien.
Parce que en général, il s'y passe des trucs-machins pires qu'ailleurs.
Ainsi de l'Uruguay.
Moi je croyais que Montevideo, sa capitale, n'était intéressante que pour les cinq pieds qu'elle apporte à une chanson.
Fume !
Si nous n'avions pas été à la hauteur, Béru et moi, on y aurait laissé nos belles plumes de coq !
Heureusement qu'on a pu s'y faire rigoler la zize à s'en gonfler les amygdales sud !
Quand on a tout paumé, il nous reste au moins le chibre.
Nos petites potesses n'en demandent pas davantage, t'es d'accord ?
« — Monsieur, j'lui dis comme ça, il va falloir que je vous tue toutes affaires cessantes, mes supérieurs m'en ont donné l'ordre !
— Essayez toujours, me répond le tueur à gages en levant son verre à ma santé. Et il fait bien, vu qu'elle va être mise à rude épreuve, ma petite santé. Ah ! les souris, je vous jure… Plus je les pratique, plus je me rends compte que c'est du sable. Du sable émouvant, j'admets, mais terriblement mouvant ! Pour escalader les jolies dunes, vaut mieux ramper ! Dans cette position, on prend moins de risques, et puis quoi : c'est tellement plus agréable.
Si je ne suis pas de retour à la fin de ce livre, ne vous caillez pas la laitance. Entrez et faites-vous des frites en m'attendant : la clé est sous le paillasson ! »
Nous autres, les grands romanciers du siècle, avons une préférence marquée pour certains de nos enfants, parce que nous les jugeons plus beaux que les autres, voire même plus proches de nous.
C'est le cas du présent chef-d'œuvre.
En l'écrivant, je me suis mis à l'aimer, à bien l'aimer.
J'aurais voulu y passer mes vacances ; peut-être même le restant de mes jours.
Un pareil engouement doit bien cacher quelque chose, non ?
Ou si je deviens gâtoche ?
A toi de juger !
II y avait des mois et des mois que Bernard avait besoin d'en finir avec sa vie émaillée sans cesse d'erreurs et de renoncements. Pour y parvenir, il savait qu'il devait tuer et commettre le crime parfait. Il avait tout pesé, tout calculé, tout prévu. Non, vraiment, l'idée même qu'il pourrait échouer était absurde…
Un suspense diabolique mené, comme toujours chez Frédéric Dard, de main de maître.
J'ai rencontré à travers le vaste monde et le long de ma vie bien des femmes exigeantes.
Des qui me demandaient de remplacer leur mari au pied levé ; des qui réclamaient ceci et d'autres qui sollicitaient cela et toujours je me suis évertué à les satisfaire.
Mais la frangine, ce coup-là, attend vraiment l'impossible de votre San-A.chéri…
Un impossible réellement… impossible…
Mais moi, vous me connaissez ; rien ne peut m'arrêter !
Alors, poliment, je me penche sur le décolleté de la poupée et je susurre :
« Mais voyons, chère amie, tout le plaisir est pour moi ! »
Si je m’attendais à cette nouvelle !
Moi, l’éternel polisson, le cavaleur effréné, le trousseur de jupons, le détrousseur de culottes, l’homme qui justifie la position verticale et en invente d’autres.
Moi, Sana, devenu…
Non, je ne peux pas t’annoncer ça de but en blanc, ce serait gâcher la marchandise.
Par ailleurs, sache qu’autour de l’événement, se déroulent des aventures à en paumer son dentier dans la chaglatte d’une friponne !
Pour célébrer la chose, chantons tous en chœur la Marseillaise !
Ça le mérite !
Et voilà que M. Félix (tu sais, le vieux prof qui possède un sexe d'enfer) a la fermeture Eclair de sa braguette coincée. Avec diligence, Berthe veut le dépanner en s'aidant d'un coutelas. Hélas ! La lame ripe et se plante dans le zob du siècle !
Tu te rends compte ? Le Félix allait à Bruxelles pour épouser une de ses collègues belges : la gentille Irma Ladousse !
Heureusement que Béru et moi sommes là pour faire prendre patience à la future mariée !
Nous voilà tous partis pour le cap Nord, à tringler comme des sauvages.
Cela dit, on y va en mission.
Et quelle !
Une affaire inouïe pendant laquelle on vit du poignant. Heureusement qu'on lime à tout-va : ça nous repose un peu d'exister ! Toujours se faire tuer, c'est pas une vie !
Deux ivrognes et un clébard, voilà tout ce dont je dispose pour démarrer mon enquête aux U. S. A.
Les deux poivrots ont pour noms Bérurier et Pinaud et le chien est un gentil boxer, baveur à souhait ! L'Empire State Building aux pieds de Béru, il faut avoir vu ça !
Mais je vais en voir bien d'autres au milieu de la pègre new-yorkaise. Mes acolytes boivent, mais c'est naturellement votre bon San-Antonio qui va trinquer.
Que tu sois religieux ou non, l'idée te viendrais jamais d'aller zinguer quelqu'un dans un confessionnal, je parie ?
Eh bien tout le monde n'est pas comme toi, mon joli ! A preuve, cette dame défuntée de mort violente dans la guitoune aux péchés.
Mais le plus farce, si j'ose dire, c'est qu'elle-même s'apprêtait à flinguer son confesseur ! Tu parles d'une chasse à courre, mon neuveu !
Cela dit, ce que je te raconte n'est que le début du book.
Son gracieux point de départ.
Je te cause pas de l'arrivée !
Alors là, espère : ceux qu'auront pas numéroté leurs abattis auront intérêt à retourner chez leur mère pour lui demander qu'elle les refasse !
Après tout, pourquoi elles auraient pas droit à un brouillon, les mamans ? Je constate de plus en plus qu'en neuf mois t'as pas le temps de faire quelque chose de bien !
Rappelez-vous bien ce que je vais vous dire, les gars : si Béru ne m'avait pas demandé d'assister à la distribution des prix de Marie-Marie, votre descendance allait se trouver drôlement compromise.
Car une bande d'olibrius britanniques s'occupait déjà sérieusement de vos hormones, mes chéries ! Heureusement que le Gros est à la hauteur des situations les plus périlleuses comme les plus scabreuses !
Seulement, le problème, avec lui, c'est qu'il croit parler anglais.
Enfin, grâce à des gestes éloquents, il s'en tire tout de même.
Surtout avec les Anglaises !
Dans cette affaire, il y a beaucoup de morts et beaucoup d'anchois.
Le buste de Marianne en prend un sérieux coup…
Et celui de M. le maire, donc !
Et puis il y a aussi des considérations comme celle-ci :
Tandis que les modestes dames semi-bourgeoises, bien ordonnées et prévoyantes, outre leurs confitures, leurs conserves d'haricots verts en bocaux (donc haricots verre) et leurs draps empilés dans des garde-robes aux senteurs de lavande, détiennent aussi de la fringue noire pour « en cas de malheur ». La mort peut carillonner à leur lourde : elles sont parées pour l'accueillir la tête haute, ces magistrales ménagères. La mort ne leur fait pas peur, ne les affole pas. Elles en font leur affaire. L'accommodent à la sauce aux larmes, avec un bouquet garni et une couronne de perlouzes « A mon mari si marri et tellement tant bien-aimé » qu'il te vous laisse des regrets éternels et un goût de n'y revenez plus.
Un tueur raconte à la première personne du singulier l'épopée sanglante d'un criminel sans envergure devenu tueur.
Un tueur élégant comme on n'en fait plus, ne succombant à rien si ce n'est au charme vénéneux des femmes et qui, les yeux voilés de rouge et la mort dans la peau, finit par attendrir sa proie à commencer par nous, lecteurs.
Kaput, c'est l'odyssée de ce tueur vers la pente fatale du crime.
C'est aussi une pièce majeure sur le chemin de Frédéric Dard vers la reconnaissance littéraire et populaire qui est la sienne aujourd'hui.
Qualifiés de « mémoires du désespoir » par son auteur à l'époque de leur publication dans les années 1950, les textes originaux des Kaput sont désormais réunis dans ce livre sous le titre Un tueur.
Le Vieux, c'est pas la peine de lui répéter tes questions : il a une banane dans l'oreille !
Alors, on peut toujours s'escrimer à cambrioler la salle des coffres des plus grandes banques d'Europe, Béru et moi. Il s'en tamponne, le Vieux.
Qu'on essuie des rafales de quetsches à tous les coins de pages le laisse rigoureusement froid. Note, il vaut mieux que ça soit lui que ça laisse froid que nous !
Cette banane, le pire, c'est que c'est lui qui se l'est cloquée dans le tube acoustique.
Comme ça, histoire d'avoir une raison de ne pas nous entendre.
Et cependant, une banane, y a tellement d'autres endroits où se la foutre, comme disait mon camarade Oscar Wilde.
Ceci est l'histoire de la mort d'Héléna.
Seulement pour bien comprendre sa mort, il nous faut auparavant parler de sa vie. Laquelle des deux fut la plus mystérieuse, la plus secrète ?
Mais au fait : qui était Héléna ?
Je n'ai, jusqu'à ce jour, reçu que deux lettres de Sa Majesté britannique Elisabeth II.
La première date de plusieurs années et concerne mon livre « BAISE-BALL À LA BAULE ».
La chère souveraine m'y faisait quelques remontrances parce que j'y avais assez lourdement brocardé un membre de sa royale family.
L'envoi de deux douzaines de roses rouges (nous n'étions pas encore en régime socialiste), accompagnant un billet d'excuses, me valut son absolution.
Mais voici que la cousine récidive, ayant entendu parler du présent ouvrage.
Grâce à une indiscrétion de ma femme de ménage, elle me pria, par l'intermédiaire de l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Berne, de lui adresser une copie de mon manuscrit.
Je le fis.
Ce qui motiva la seconde lettre royale.
Madame Deux s'y déclare indignée de la manière dont je traite l'Intelligence Service dans ces pages et me somme de ne pas publier cette œuvrette.
Passant outre cet interdit, mon éditeur et moi avons décidé de la faire paraître tout de même.
Nous verrons bien.
SAN-ANTONIO
Quand la première salve est servie, on enclenche un deuxième chargeur. Le temps prend son temps dans ma tronche, bien que le mitrailleur fasse fissa. Je pense avec une incroyable lucidité. Je me dis des trucs, des choses, des machins. Je devine les mouvements de notre agresseur comme si je le voyais. J’ai entendu un cri et je sais qu’un de mes compagnons a été touché. Je passe la main sous ma veste afin de dégager mon excellent camarade Tu-tues de sa gaine. Faut agir mollo pour éviter d’émettre un bruit qui me situerait. Je n’y vois que tchi. Faut que j’attende la deuxième seringuée afin de situer le tireur. Dangereux, car en v’là un qui semble vouloir faire le ménage complet.
Dudly, une des terreurs du Michigan, est un vrai gangster qui s'est rapidement fait dans le milieu une réputation de « dur à cuire » et c'en est un ! Il a tué suffisamment de citoyens et pillé assez de banques pour que l'on puisse sans hésitation le classer dans l'inventaire des grands hors-la-loi de Détroit. Son principe : récompenser et punir ceux qui le méritent. Cette façon de procéder, si elle lui vaut de nombreuses reconnaissances, ne peut aussi manquer de lui attirer des haines aussi tenaces qu'implacables. Carlo, son plus fidèle homme de confiance, ne se lassera-t-il pas un jour d'un chef aussi tyrannique ? Pour arriver à ses fins il va attiser l'esprit de vengeance du jeune malfrat, Jerry Dorman… Avec Dudly, seigneur du crime, frissons, angoisse et mystère garantis !
Vengeance ! paraît sous le pseudonyme de Frédéric Charles, en 1953, aux Éditions Jacquier, à Lyon, dans la célèbre collection populaire « La Loupe ». Après les récentes parutions des œuvres de jeunesse de Frédéric Dard, les Éditions Fayard ont décidé de rééditer les titres de ces ouvrages policiers parus sous pseudonyme, qui n'ont jamais été publiés jusqu'à ce jour.
Tu ne connais pas le San Bravo ?
Cherche sur une carte d'Amérique centrale.
Il n'est pas grand, mais il s'en passe des choses.
A cause du régime, qui n'est pas de bananes, crois-moi !
Faut être fou pour aller là-bas.
Ça tombe bien : je le suis.
J'ai emmené, en guise d'équipe de choc, quatre gonzesses dont la mère Bérurier, y a pas de quoi pavoiser, hein ?
Dans le patelin en question, la vie y est tellement précaire qu'au bout de quarante-huit heures t'as l'impression d'être clamsé.
C'est pourquoi, l'ami, s'il te prend l'idée saugrenue de venir me rejoindre, viens avec ton cierge !
Si tu ne sais pas où le foutre, je t'expliquerai !
Du nouveau, les gars !
Un personnage encore jamais rencontré dans les S.-A. : celui de Marie-Marie.
Qui est Marie-Marie ? Je préfère vous le laisser découvrir. Tout ce que je peux dire, c’est que pour ses débuts en compagnie du fameux trio (S.-A., Béru et Pinuche), elle est plutôt servie, la môme !
Tour à tour aux prises avec les Chinetoques, les guérilleros, les Indiens réduiseurs de tronches, elle se paye une drôle de virouze dans la Sude-Amérique, sur fond de révolution.
Mais qui y a-t-il à la tête de cette révolution ?
Oh, non, je vous dis rien… Mais je vous parie qu’à la fin de ce bouquin, comme les Rondubraziens, vous crierez : « Viva Bertaga » !
Si San-Antonio n'existait pas, faudrait-il l'inventer ? Oui, sans hésitation.
Le Monde.
Et bon, dans çui-là, y a Arthur Rubinyol, le fameux virtuose, qui vient sonner à l'agence. Alors ça effervescente tout azimut, on déroule le grand tapis rouge, en signe d'alléluia.
Ben heureusement qu'il était rouge, le tapis ! Comme ça, le raisin se voyait moins ! Et puis y a le rabbin Machin, pardon, Moshé, qui se fait éventrer d'entrée de jeu. Sans causer de la Ricaine que j'ai levée dans l'avion et qui se met à tirlipoter le Vieux !
Si tu ajoutes à ces plaisanteries notre équipée finnoise au cours de laquelle Béru s'est respiré la mégère du bûcheron, t'auras compris qu'il s'en passe des bizarres dans cet opuscule !
Et tout ça à cause d'un vieux coco vindicatif.
Tu parles d'une corne d'abondance !
Par autorisations spéciales du Préfet de Seine-et-Eure et du garde champêtre de Bellecombe, nous reproduisons fidèlement la plus étrange affiche électorale jamais placardée : Bellecombais, Bellecombaises !
On n'est pas ce que vous croyez !
La preuve, c'est que moi, Bérurier Alexandre-Benoît, inspecteur principal, je lance un défi à l'assassin de Bellecombe en me présentant à vos suffrages ! S'il veut m'empêcher de candider, qu'il y vienne !
La politique je m'ai toujours assis dessus, et sans coussins ! C'est pourquoi je me présente sous un parti nouveau dont moi et l'ex-adjudant Paul Morbleut, mon adjoint, on est les fondateurs et les membres virils : le P.A.F. (Parti Amélioré Français).
Ce soir, dans la salle des réunions, on vous définira notre programme.
Venez nombreux, l'assassin y compris ! Et surtout :
Votez BERURIER !!!
Je m'agenouille et je palpe la terre battue. Un contact terrifiant me court-circuite les centres nerveux. Je viens de rencontrer une main. Elle est froide. Je dompte ma répulsion et je palpe encore. Après la main vient le poignet, puis l'avant-bras, puis le bras, l'épaule… Un cadavre ! Il y a un cadavre dans la cave à vin.
C'est l'histoire d'un type, au restaurant, qui fait une scène d'enfer au maître d'hôtel parce qu'il vient de trouver un poil dans ses nouilles. L'après-midi de ce même jour, le maître d'hôtel va dans un clandé et aperçoit son client en train de faire minette à une pensionnaire. Il prend le gars à partie :
— C'était pas la peine de crier si fort pour un poil dans les nouilles quand on fait ce que vous faites ! lui dit-il.
Le client s'interrompt et riposte :
— Je crierais plus fort encore si je trouvais une nouille dans ces poils !
Le grand Maurice Chevalier passait pour être plutôt ladre. Un soir qu'il donnait un dîner chez lui, le maître d'hôtel lui demanda à voix haute et intelligible s'il devait passer les fromages.
Et Maurice Chevalier s'écria :
— Quelle idée ! Y en avait dans les pâtes !
Un jour, dans un restaurant, à l'étranger, j'ai trouvé un gros morceau de phare de voiture dans mon assiette de spaguettis, ce qui m'a rendu perplexe. Je n'ai rien dit, mais je ne l'ai pas mangé.
On ne peut imaginer tout ce qu'il y a, parfois, dans les pâtes !
Lis ce bouquin, tu t'en rendras compte !
Mon big boss vénéré m'a chargé d'une mission pas marrante : supprimer une fille ravissante qui, d'après lui, est un danger public.
Moi, vous me connaissez, j'aime pas particulièrement ce genre de commissions, mais quand le Tondu a une idée dans la tête, il faut en passer par là où il veut.
Mais tout se complique, car il y a erreur sur la personne en question. Et je me trouve fourré jusqu'où c'est pas possible dans une affaire incroyable, avec mes deux coéquipiers.
On nous en fait voir de toutes les couleurs, et je vous jure que, pour sortir de ce machin, y a de l'action !
Moi, vous me connaissez ! Je ne m’embarrasse pas de préjugés.
Je connais des esprits chagrins qui me diront : « Dans un sous-marin, ça se passe pas comme ça ». Je répondrai à ces pisse-froid que, dans mon sous-marin à moi, ça se passe comme ça. La preuve, j’y étais !
Je connais aussi des esprits non moins chagrins qui me diront : « Au pôle sud, ça se passe pas comme ça ». Je répondrai à ces autres pisse-froid que, dans mon pôle sud à moi, ça se comme ça. La preuve, c’est que nous y étions, Béru et moi !
Allez lui demander, vous verrez ce qu’il vous répondra.
Mais, de toute façon, pour les incrédules et le ci-dessus mentionnés : Zéro pour la question !
Рассказ, представляемый вниманию, составлен по историческим делам, бывшим в XVIII веке, почти все данные, взятые в кавычки, являются цитатами реальных дел того времени, которые автор почерпнул из исследований и архивов (почти, но не все). К чему автор прилагает в конце произведения список литературы, которая будет и сама по себе интересна любителям информации в делах о ведьмах и колдунах. Дела Якова Ярова, Катерины и Ирины Ивановых, камергера Салтыкова, ворожбы в спальне Елизаветы Петровны, а также тексты заговоров и богоотступных писем упоминаются в исторических книгах, в том числе записках Екатерины Великой, и исследованиях современных ученых. Однако, выводы из них — абсолютный авторский произвол.
Рассказ, представляемый вниманию, составлен по историческим делам, бывшим в XVIII веке, почти все данные, взятые в кавычки, являются цитатами реальных дел того времени, которые автор почерпнул из исследований и архивов (почти, но не все). К чему автор прилагает в конце произведения список литературы, которая будет и сама по себе интересна любителям информации в делах о ведьмах и колдунах. Дела Якова Ярова, Катерины и Ирины Ивановых, камергера Салтыкова, ворожбы в спальне Елизаветы Петровны, а также тексты заговоров и богоотступных писем упоминаются в исторических книгах, в том числе записках Екатерины Великой, и исследованиях современных ученых. Однако, выводы из них — абсолютный авторский произвол.
Биография выдающегося российского военачальника ХIХ в, первого мусульманина с Кавказа, получившего специальное военное образование, генерал-лейтенанта Бала-киши Араблинского и его потомков.
ИСТОРИЯ, ОБЪЕДИНИВШАЯ ЛУЧШИЕ МИСТИЧЕСКИЕ ТРИЛЛЕРЫ СТИВЕНА КИНГА И СЕРИАЛ «ОЧЕНЬ СТРАННЫЕ ДЕЛА».
НАЦИОНАЛЬНЫЙ БЕСТСЕЛЛЕР.
ФИНАЛИСТ ПРЕСТИЖНОЙ ЛИТЕРАТУРНОЙ ПРЕМИИ LOCUS AWARD.
ОДНА ИЗ ЛУЧШИХ КНИГ 2021 ГОДА ПО ВЕРСИИ THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY И LIBRARY JOURNAL.
Когда-то одержимый числами маньяк Эдмунд Риз провалил миссию, которую считал священной, – убить 99 девочек в парке Рэмбл-Рокс, на поле камней. Он был казнен на электрическом стуле, и нечто гораздо более темное, голодное и зловещее поселилось среди загадочных валунов…
Когда-то, ребенком, Нейт жил в сельском доме рядом с Рэмбл-Рокс со своим жестоким отцом. Он никому не рассказывал, что там случилось…
Когда-то Мэдди, еще маленькой девочкой, увидела в своей спальне то, чего не должна была видеть. Она пытается воскресить забытую детскую травму, создавая тревожные скульптуры…
Теперь Нейт и Мэдди Грейвз женаты и счастливы. Вместе с сыном Оливером они переезжают в дом детства Нейта. И то, что случилось когда-то, повторяется вновь. На этот раз с Оливером, – когда тот заводит дружбу со странным подростком. Подростком, полным очень темных секретов…
«Очень хорошо написанная. Очень хорошо переведенная. Забористая, не отпускающая, заставляющая разгадывать загадки по мере чтения. И очень страшноватенькая история. Нравится». – Александр Клюквин, актер, озвучивший книгу
«Ужас, размах, динамика, неожиданные повороты – всего этого я не переживал столь бурно со времен „Сияния” Кинга». – Стивен Грэм Джонс
«Подвинься, Кинг, – теперь Вендиг новый голос американских ужасов! Это шедевр, а ведь Чак только начал». – Адам Кристофер, автор «Тьмы на окраинах города», официальной новеллизации мира «Очень странных дел»
«В традициях кинговского цикла „Темная башня” Вендиг показал космический ужас через линзу повседневности, привязал грандиозное к обыденному. В результате – роман, в котором блуждаешь, пропадаешь». – Джон Лэнган
«Благодаря книге Вендига я перенесся в золотой век ужаса, к романам, которые любил мальчишкой. В этой жесткой и задушевной, многослойной и воодушевляющей книге так приятно тонуть». – Дэн Чаон
«Незабываемый заряд ужаса высочайшей пробы, всколыхивающий самые потаенные страхи. Пронизывает до костей, одновременно согревая сердце». – Алекс Сегура
«Только Вендиг способен сделать из смеси хоррора, фэнтэзи и научной фантастики реактивный триллер, забавный и пугающий, умный и безумный, нежный и жесткий одновременно. Волшебный опыт». – Алма Катсу
«Выдающееся произведение, светящееся фантазией и человечностью – ну и дающее лучик надежды погрязшему в жестокости миру». – Кристофер Голден
«Сильный, впечатляющий роман, книга потрясающего ума и щедрого, жарко бьющегося сердца. Личная и эпическая. Человечная и магическая. Скачка по мирам и временам, оказывающая глубокое эмоциональное воздействие». – Library Journal
Меня зовут Сара Мартин. Я обычная, восемнадцатилетняя девчонка, которая по необычным причинам изолирована от общества. Я и ещё 1025 человек, живут по правилам и законам чокнутого убийцы, придерживаясь комендантского часа. Хотя нет — Вест-сайдовцам многое сходит с рук и, что-то мне подсказывает, что бывшие заключенные, имеют связь с внешним миром.
В тексте есть: бунтарка, откровенные эротические сцены, опасный главный герой
Ограничение: 18+
В повести Николая Красильникова, включенной в очередной сборник цикла «Узбекский детектив», рассказывается о сложной и интересной работе сотрудников милиции.